Cuba - Trinidad

22 au 27 janvier – Trinidad 
Ce matin, toute la maisonnée se lève aux aurores pour nous. Encore une fois, le petit-déjeuner est copieux et, avant de la quitter nous faisons de gros becs à notre logeuse. 
La voiture qui nous emmène vers la station de bus Transtur est à l’heure et ne nous demande pas un centime pour la course. Je lui laisserais quand même un petit quelque chose, ce qui lui fera très plaisir. Avec un salaire mensuel moyen de 20 $, une petite contribution est toujours bienvenue.

Il y a foule ce matin au pied de l’église, plusieurs départs ont lieu, et il vaut mieux partir dès potron-minet, car les distances sont longues et les routes sont presque aussi mauvaises que celles de Montréal. 
Non, je blague, elles sont nettement mieux entretenues…

À 7 heures, notre bus arrive, nos sièges sont réservés depuis deux jours et c’est parti pour quelques heures de route à travers la campagne cubaine. 
Nous faisons une courte halte à Pinar del Rio pour ramasser quelques voyageurs, puis la prochaine pause pour le chauffeur et ses passagers se fera à midi.

Une halte routière bienvenue, où nous mangeons un petit morceau dans le restaurant et où nous pouvons observer quelques animaux en cage. Un paon fait sa princesse, mais ne nous offre pas le feu d’artifice qu’il a collé au croupion. Agace !

Enfin, aux alentours de 16 heures, nous longeons la mer et arrivons dans la charmante petite ville de Trinidad.

Longue journée de bus, mais relativement confortable, il ne nous reste plus qu’à trouver un logement.

Un peu perdus sur la Plaza Carillo, nous tentons de nous repérer sur mon plan et de trouver les deux ou trois adresses que j’avais noté avant de quitter le Québec.
Nous grimpons jusqu’à la Plaza Mayor, mais force est de constater que nos belles chambres sont déjà toutes louées.

Évidemment, en arrivant aussi tardivement, il ne fallait pas s’attendre à autre chose, mais je suis un voyageur optimiste.
Dans mon Lonely Planet qui date de 2006, on indique qu’il y a quelques 300 casas particular à Trinidad. En fait, aujourd’hui, il y en a plus de 700 ! 
Impossible de ne pas trouver une chambre.

Finalement, à l’une des casas, la charmante dame, chez qui tout est complet aussi, nous entraîne chez l’une de ses amies. Elle avait pris soin de l’appeler avant pour s’assurer d’une chambre disponible, et nous voilà à deux coins de rue, à la casa Maria Julia qui sera notre grand-maman rigolote pour quelques jours.

La chambre est immense, ici aussi tout est propre et nous sommes bien à l’abri dans une toute petite rue très peu fréquentée.

Nous avons prévu de passer 3 jours à Trinidad avant de continuer notre voyage, mais franchement, on se sent bien ici.

Déambuler dans les rues de cette jolie ville d’environ 55 000 habitants est un plaisir qu’il faut absolument s’offrir lors de tout voyage à Cuba.

Fondée en 1514, la ville s’enrichit grâce à la culture de la canne à sucre, et donc l’exploitation des esclaves.
Inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1988, la ville est parfaitement restaurée et entretenue. En se tordant les chevilles sur les pavés inégaux, on a l’impression d’être plongé en plein XVIIe siècle s’attendant presque à voir surgir un conquistador d’un coin de rue.

Plaza Mayor
Dans les faits, c'est plutôt des milliers de touristes qui arpentent les pavés, mais la plupart de ces enkodakés ne sont que de passage. Les bus arrivent de Varadero pour deux heures, déversent leur trop-plein de vacanciers qui profitent rapidement de ces lieux et se promettent d’y revenir par eux même, ce que nous avons fait.

J’avais tellement été frustré de ne pouvoir traîner plus longtemps sur la Plaza Mayor, admirer le bonheur architectural qui enchante l’œil et l’esprit, entrer dans l’église de la Santissima Trinidad et grimper au sommet du clocher de l’ancien couvent Saint-François d’Assise. 
Aujourd’hui, j’y suis, j’y reste !

Alors, nous nous perdons. Rues, ruelles, venelles et autres sentes n’ont bientôt plus de secrets pour nous. Un homme nous invite à visiter l’école des tout-p’tits, et éventuellement nous demande une petite contribution financière pour l’entretien des locaux.

Des enfants traînent leurs savates dans des jeux trop compliqués à comprendre pour des adultes, des chiens un peu miteux se prélassent sur les pavés chauffés par le soleil, des fenêtres ouvertes offrent aux visiteurs curieux des intérieurs de maison absolument sublimes et intemporels, et le soleil finit par se coucher. 

Sous les regards des quelques touristes qui passent la nuit, ici, mais surtout qui passent leur vie sur leurs téléphones. La zone Wi-Fi est occupée par des gens qui oublient qu’ils sont en vie. Mais le soleil s’en fout, il part se coucher quand même, et offre aux plus curieux un spectacle aussi majestueux qu’éphémère.

Nous sommes attirés par un resto/musée, le Paladar Museo 1514, où chaque accessoire est minutieusement placé, parfaitement agencé à la cour intérieure et à la décoration coloniale de la vieille bâtisse. Le repas est correct, mais c’est surtout pour le décorum qu’on vient ici.

Notre abuela est toute surprise de nous voir rentrer à l’heure des poules, mais nous avons une journée de bus dans le corps et il est fort possible que nous prolongions notre séjour.


23 janvier
Journée placée sous le signe de la paresse. 
Paresse : nom féminin
Goût pour l'oisiveté ; comportement d'une personne qui évite l'effort.

Synonymes : fainéantise, flemme
Nous collons parfaitement à la définition du dictionnaire, et la chaleur de ce sud cubain aide parfaitement à conserver cet état de plénitude oisive.

Nous ne sommes pas de voyageurs cocheurs
Vous savez, ceux qui ont une liste, la fameuse bucket list des 10, 30 ou 100 choses à voir avant de mourir et qui parcourent la planète avec ladite liste qu’ils cochent au fur et à mesure de leurs exploits.
Nous avions rencontré un couple de jeunes Français au Chili qui voyageait comme ça. Un tour du monde pour finalement ne voir personne, beaucoup de troubles pour pas-grand-chose.

Ben nous, on s’arrête, on profite, on sourit aux gens, éventuellement, on connaît même leurs noms. Dès fois on court aussi, mais surtout après un bus, parce que justement, on a pris le temps de faire autre chose avant.

Alors aujourd’hui, on se laisse porter par la brise et le dénivelé de la bourgade.
Visite de l’église, petit tour dans les rues moins touristiques du sud de la ville où les locaux vendent fruits, légumes et viandes, dans des carrioles, des brouettes ou de petites officines.
C’est aussi dans ces quartiers que l’on trouve les casas les moins chères.

Salon de barbier, ors des gravures religieuses et crèche géante dans l’église, avant de grimper pour admirer une vue qu’il ne faut pas manquer (et totalement gratuite) du haut d’une colline, au pied des ruines de l’église Ermita de Nuestra Señora de la Candelaria de la Popa del Barco. Il n’en reste pas grand-chose, et ce pas-grand-chose est clôturé de fil de fer, mais la vue y est superbe.
Nous devrons y revenir pour le coucher du soleil.

De gros et menaçants nuages venant de la cordillère ponctuent le ciel et se colorent de rose barbe à papa sur fond de nuit à venir. Ainsi passent les jours à Trinidad.


24 janvier
Sérieux petit-déjeuner à la table de Maria. Du pain frais, une grande carafe de jus, du miel, des fruits frais, des œufs, un café bien noir et des sourires plein le visage de notre grand-maman.

Le gros bonheur de Trinidad, c’est qu’en plus de visiter une ville extraordinaire, on peut facilement accéder à la plage. 

Et quelle plage ! La Playa Ancon est accessible très pratiquement par autobus, il vaut mieux se placer au premier arrêt si on veut une place à l’étage.
Un peu avant neuf heures, nous sommes quelques rares touristes à attendre au coin de la rue Colon et je sais plus quoi. 

À l’heure dite, le bus à étage arrive et npus prenons place au soleil.
Il en coûte 5 CUC aller/retour par personne et, en une trentaine de minutes, le bus nous dépose juste devant l’accès à la plage à coté de l’hôtel Ancon, qui est aussi le centre de plongée du coin.

La fameuse playa Ancon, étendue d’eau turquoise sur fond de sable blanc. Difficile de faire plus exotique. Si l’on veut un minimum de confort, on peut louer des chaises longues sous un palapas, sinon, on marche quelques mètres et on étend sa serviette sur le sable.

Mon épiderme de dieu nordique ne me permet pas de m’exposer aux rayons traîtres du soleil, je vais donc débourser 2 CUC pour un confortable emplacement, qui vue l’heure matinale est encore au choix. Les touristes du deuxième bus n’auront pas cette chance.

Ensuite, il suffit de s’oindre de crème solaire, de se balader le long de l’immense plage, de faire trempette, de lire un peu, de se badigeonner de crème et de tout recommencer dans l’ordre ou inversement.  

Il faut penser à se ramener quelque chose à manger, car si nous avons eu de la chance le premier jour en s’achetant un petit quelque chose au snack de l’hôtel voisin, les jours suivants, le chef refusait de nous servir si nous n’étions pas des résidents.
Bon, normalement, avec les déjeuners servis dans les casas, on peut quand même tenir quelques heures sans tomber d’inanition.

De retour vers 15 heures, nous allons rapidement passer un peu d’eau douce sur nos épidermes salés et allons faire un tour en ville.

Ce soir, nous honorerons le Paladar San José. Nous l’avons repéré hier soir parce qu’il y avait beaucoup de monde qui attendait devant, normalement, c’est un bon signe.
La jeune fille à l’accueil nous précise qu’il y aura de l’attente et que nous serons prévenus lorsque la patente-à-pitons se mettra à vibrer et s’allumer comme un arbre de Noël hystérique. La portée est limitée, mais par chance elle va jusqu’au bar du coin de la rue.

Le souper est excellent et les prix raisonnables. La grosse assiette de spaghettis à la langouste coûte moins de 8 CUC, et franchement, c’est carrément délicieux. Ah, et le flan de caramel à 1,75, un pur délice de dessert.
Je crois bien que cet endroit va nous revoir plus d’une fois !

25 janvier
Nous sommes bien sûr les premiers au coin de la rue à attendre notre bus vers la Playa Ancon. Et ainsi se passera la matinée, entre ombre de palapas et trempage dans une eau un tout petit peu fraîchouille, mais complètement transparente.
La balade tout le long de la péninsule est une activité qui se suffit à elle-même, et puis ça donne de très beaux mollets !
Ce soir, nous admirerons le coucher du soleil du haut de la petite colline surmontée des ruines de la Ermita NSCPB, et c’est très beau.


26 janvier
Finalement, les trois jours originellement prévus sont en train de s’allonger. On est bien ici, notre abuelita est super fine et pas dérangeante du tout. On a les clés de sa maison et elle aime nous parler. Lentement.

Les enfants de la petite rue nous reconnaissent et nous font des beaux hola en nous souriant de toutes leurs dents blanches. Nous commençons à faire partie du paysage et mon hâle naissant me fera bientôt me fondre dans la population.

Quoique je n’ai jamais visité un pays où l’on trouve autant de diversité de couleur de peau. Du plus clair au plus foncé l’arc-en-ciel de la mixité créole est un vrai plaisir pour l’œil, je pense donc que je me fonds déjà dans la population. Ne reste plus qu’à travailler ce maudit accent français qui trahit mes origines.
Playa Ancon
Et où on va ce matin ? Ouiiiiii, à la plage !
Hop, c’est reparti sur la passerelle du bus, le soleil est toujours présent et l’usage massif de l’indice 30 est fortement recommandé.

J’ai essayé de m’inclure dans une sortie plongée avec le club de l’hôtel Ancon, mais tout était complet. La météo capricieuse et la mer trop agitée ont obligé les organisateurs à décaler les sorties, ce ne sera donc pas pour cette fois-ci que je mettrais un détendeur sous l’eau. 
Il va sérieusement falloir penser à s’organiser un voyage plus aquatique dans les prochaines années…

Nous rejoignons la ville en fin de journée, et allons comme c’est devenu notre habitude, prendre une canchánchara sur la terrasse du Paladar El Criollo.
Ce cocktail, originaire de la ville, a été créé au 19e siècle par les guérilleros indépendantistes Mambises. Vite la recette ! 
Je ne saurais trop vous renvoyer à l’excellent blogue de mon confrère cuisinier amateur : recette de la canchánchara.

Ce soir, nous abandonnons le Paladar San Jose pour en découvrir un autre conseillé par un couple de Français que nous avons rencontré hier soir.
Éminemment sympathique, monsieur n’a pourtant fait aucun effort pour tenter de placer un mot en espagnol.
D’ailleurs, je ne lui jette pas la pierre, puisqu’il m’en aurait fallu un tombereau pour équilibrer les châtiments.

Qu’un anglophone soit totalement perdu en tentant de décrypter l’idiome de Cervantès est une chose. Mais qu’un francophone ne fasse pas le moindre effort, alors que nos langues sont cousines, me dépasse. On ne demande pas d’entretenir une conversation avec la serveuse ou le chauffeur de taxi, mais juste un Hola ou un gracias seraient quand même les bienvenus.

C’est bien certain que la jeune demoiselle n’a pas compris un traître mot de : bonjour, vous mettrez les apéros sur notre facture, merci
Merci pour l’apéro, mais il fallait bien s’attendre à ce que ça ne se fasse pas, et c’est pas la peine de s’impatienter et d’être grognon avec la serveuse...

Ceci dit, nous sommes à présent attablés dans le patio d’un restaurant absolument magnifique, le Paladar Sol y Son.


Ici aussi, tout est figé dans un temps que les moins de 120 ans ne peuvent pas connaître. Dentelles fines, porcelaines, cristal, carrelage, argenterie, photos anciennes, meubles d’époque, chandelier, sculptures, marbres et miroirs, tout est dans son jus depuis des générations. 
Enfin, j’imagine plutôt depuis quelques travaux de restauration et beaucoup d’efforts, mais le décor est planté et on se sent opulent.

Un groupe de musique s’installe. Ici aussi… 
La musique est omniprésente à Cuba, alors si en plus c’est très touristique, on ne peut y échapper. Malheureusement, de l’immense et riche répertoire cubain, seules quelques chansons triées sur le volet sont joyeusement entonnées par les bardes locaux. Hasta Siempre (Comandante Che Guevara), Chan Chan (il paraît magané), Candela, Suavemente ou Oye como va sont toujours présentes dès que quelqu’un pousse la chansonnette.

Mais surprise, ce quintette sort des sentiers battus et nous offre une prestation des plus originale. La musique enchante les lieux, et enfin, on entend ce que la richesse musicale de Cuba a à nous offrir.

Au passage, on a très bien mangé dans ce paladar ! Ainsi se termine une autre merveilleuse journée à Trinidad.


27 janvier
C’était bien hier, on fait la même chose aujourd’hui ? Allez, puisque tout le monde insiste.

Alors plage pour commencer la journée, mais cette fois-ci, les bains de soleil et mer vont être de courte durée. Le ciel est devenu menaçant et les nuages, habituellement collés aux montagnes de la cordillère sont passés par dessus les crêtes et menacent notre session bronzette.
Nous suivons de près l’évolution des énormes cumulo-nimbus et après deux trop courtes heures, décidons de prendre le prochain bus pour rentrer en ville.

Nous avons bien fait puisque des trombes d’eau se sont déversées sur les pavés, pluie intense, mais de courte durée. Juste de quoi humidifier l’air et friser nos cheveux.

Nous en profiterons pour faire un vrai repas ce midi et entrons un peu au hasard dans une grande bâtisse ensoleillée La Redaccion
Anciens locaux d’édition et d’impression du journal El Liberal, ce bâtiment qui date des années 1800 est aussi grandiose et agréable que le laisse supposer l’entrée majestueuse.

On affiche fièrement que les ingrédients sont locaux, biologiques et de saison, même si dans les faits c’est une évidence. 

Le service et la nourriture sont à la hauteur de nos attentes, et si Cuba n’est pas réputée pour être une destination gastronomique, ici aussi on mange très bien. 
D’ailleurs, je soupçonne que tous ceux qui font de la critique culinaire concernant Cuba, ne sont jamais sortis de leur hôtel tout-inclus et n’arrivent pas à se contenter d’un buffet où pourtant on trouve souvent de tout. 
Éternels insatisfaits qui aimerait du luxe au prix du charter…

La Redaccion
En tout cas, le giga-burger végé est un pur délice et les éclats de couleurs vives qui tatouent le carrelage fleuri ajoute à la magie des lieux. 
Envie pas envie, il faut aller aux toilettes… Une vraie salle de bain au plafond perdu dans les cieux, avec une baignoire et un immense miroir.

Nous reprenons nos bâtons de pèlerin pour déambuler dans les rues. Les maisons colorées se détachent sur fond de ciel tourmenté, les pavés luisent de la dernière averse et les fenêtres ouvertes des maisons offrent aux curieux des scènes d’un autre temps.

Un jeune homme grimpe sur un toit et lâche ses pigeons qu’il fait tournoyer autour de lui. Quelques oiseaux aventureux se font rappeler à l’ordre d’un coup de sifflet et par quelques gestes, l’oiselier finit par ramener sa troupe dans leur pigeonnier.

Un arc-en-ciel honore le ciel de sa présence, quelques gouttes éparses se perdent dans les rafales et pour terminer cette journée et ce séjour à Trinidad, le soleil nous offrira un spectacle cinématographique.

Une dernière langouste grillée au paladar San José et il est temps de plier nos affaires pour remplir nos sacs. On se retrouve à Cienfuegos ?

CLIC - CLAC, merci Cricri !

Trinidad en images




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