Cuba - Viñales

19 au 22 janvier - Viñales 
Ce matin, nous avons réservé un taxi (15 $) auprès de notre casa pour nous rendre au terminal des bus Viazul. J’avais pris soin d’acheter nos billets sur Internet avant notre départ et le système fonctionne parfaitement. Ici, le Site en anglais

Ensuite, il nous suffira de nous rendre dans les différentes gares routières pour acheter nos billets un ou deux jours d’avance. Il n’y pas beaucoup de liaisons pour certaines destinations, et les bus se remplissent vite. 
Sinon, il reste toujours l’option du Collectivo, ce Uber local qui se sert de sa voiture comme d’un taxi collectif. 

Las Terrazas
À 9 heures, notre autobus quitte les faubourgs de La Havane et c’est parti pour 3 h 30 de route en compagnie de quelques touristes et de beaucoup de Cubains. 
Nous ferons une halte pipi/nougat dans le parc de Las Terrazas, avant de continuer vers cet ouest lointain. 
Enfin, à 12 heures 40 nous entrons en gare de Viñales, sous les acclamations de la foule. 
Non, le bus nous dépose sur un coin de trottoir et la foule sont des propriétaires de casa particular en recherche de clients. 

Par le biais du site Je pars à Cuba, j’avais réservé une chambre pour trois nuits. Mais constatant l’offre disponible en arrivant sur place, je me rends bien compte que ça n’aurait pas été nécessaire. 
Qu’importe, une pancarte avec mon nom est brandie au-dessus des têtes, nous récupérons rapidement nos sacs et grimpons dans l’auto de notre hôte. Petit moment d’incertitude lorsque nous quittons la ville, mais où nous emmène t’il ? 
Au bout de 5 minutes de route, nous bifurquons vers le petit quartier de Palmar un peu à l’écart. C’est ici, dans cette petite maison que nous logerons pour les trois prochains jours. 

La chambre est petite, mais comme partout, très propre. Nous avons une salle de bain avec eau chaude et la chambre, incluant le petit-déjeuner est à 35$. Les mojitos sont sacrément costauds et l’accueil à la hauteur de la réputation des Cubains. 
Par contre nous aurons quelques problèmes de discussion, mon espagnol ayant provisoirement décidé de prendre des jours de repos. Mais ce n’est pas grave, nous échangeons avec les regards et des gestes simples à comprendre. 

Finalement, la situation excentrée de la maison n’est pas trop problématique. Par un sentier, nous rejoignons rapidement le centre de la ville, nous évitant de longer la route que de rares voitures emprunte. 
Croisons quelques cochons batifolant dans leur soue, menaçons du regard des coqs qui n’ont pas intérêt à être trop matinaux et profitons de ces dix minutes de marche au cœur de la vie locale pour échanger des Hola et des sourires avec les habitants. 

Le tour de la ville est rapidement fait, l’ambiance détendue et sympathique est vraiment agréable. Au détour d’un virage, nous entrons dans le jardin botanique
On est loin du jardin botanique de Kandy, mais l’effort du jardinier pour entretenir ce charmant bout de terrain vaut le détour. 
Quelques jolies fleurs, un cacaoyer aux fruits gourmands, des troncs épineux, quelques poules batifolantes, et le sentier termine sa boucle en douceur. La visite est gratuite, on demande simplement une obole volontaire à la sortie. 

Rien de spécial à faire ici, si ce n’est prendre du bon temps, visiter la vallée de Viñales à cheval, profiter des sentiers à travers champs et admirer le soleil se coucher entre les mogotes, ces collines calcaires qui ponctuent le paysage de leurs formes douces et imposantes. 

Nous entrons dans l’église où la messe va commencer et, par un escalier un peu branlant, grimpons jusqu’au clocher. La vue est très chouette, mais j’ai comme le sentiment que ce n’est pas du tout légal de grimper aussi haut. 
Alors, après quelques rapides photos, nous regagnons le plancher des vaches. 
Un Cubain se dit que si nous y sommes allé, il peut lui aussi se frotter à la cloche de bronze, mais à peine arrivé, le curé se retourne et tance l’impudent en lui ordonnant de redescendre immédiatement ! 
Les paroissiens se retournent et jettent de sombres regards à l’irrespectueux. 
Nous sortons rapidement, envahit par un fou rire qui n'a rien de très catholique !  

20 janvier 
Le solide petit-déjeuner servi par notre hôtesse va nous tenir au corps pendant une bonne partie de la journée. Une journée qui commence promptement, car nous sommes attendus par un cavalier et ses montures juste devant notre terrasse. 

La dernière fois que je suis monté sur un cheval, c’était… en 1995 je crois. J’avais alors hérité du surnom de Johnny Walker et ma monture celui de White Horse. Deux marques de whisky dont j’avais dû abuser la veille dans ce rade très sombre de Hanga Roa, la capitale de l’Île de Pâques. 
Les locaux se demandaient si j’allais arriver à grimper sur mon petit cheval nerveux et surtout si j’allais y rester. J’ai fait les deux, mais la journée à été longue... 

Vingt-trois ans plus tard, mais beaucoup moins d’alcool dans le corps, je grimpe sur le canasson qui en a vu d’autre. Je ne traîne pas sur l’étier et passe rapidement par dessus la selle. Le cheval accuse le coup, mais ne renâcle pas, je ne dois pas être le premier americano en légère surcharge pondérale qu’il voit passer. 
Promis je me suis fait tout léger pendant ces quelques heures. 

Notre guide ne parle ni anglais, ni français, mais a la délicatesse d’utiliser des mots simples et de parler lentement, finalement, nous comprendrons toutes ses explications et serons charmés par notre expédition. 

Le sentier passe à travers la vallée de Dos Hermanas et faisons une première halte à la Mural de la Prehistoria
Nous laissons nos chevaux se reposer un peu et franchissons à pied les quelques mètres qui nous séparent de l’entrée du site. 

Il faut nous délester de 3 CUC par personne pour nous approcher de la falaise où, en 1961, Fidel Castro a commandé une fresque immense représentant la théorie de l‘évolution. 
Tout à fait entre nous, si l’immensité de la fresque qui s’étale sur une falaise de 180m par 120m est impressionnante, même si le paysage alentour est sublime, y aller juste pour ça est discutable. 
Bon, en même temps 3 cuc, ce n’est pas de l’extorsion et si ça peut aider des familles, c’est avec plaisir. 

Les peintures datent un peu et ont un grand besoin de ravalement. Trois peintres assis sur des planches accrochées à la paroi donnent quelques coups de pinceau à cet effet. 

Nous revenons vers nos étalons piaffant d’impatience de galoper à travers les prairies, mais force est de constater que nos canassons sont un peu poussifs. N’étant pas cavaliers émérites, nous apprécions cette apathie, j’ose espérer que ces animaux sont bien traités par leurs propriétaires qui en font un usage régulier. 

La promenade se poursuit au travers du parc national de Vinales. Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1999, ce parc est toujours habité, et exploité par des agriculteurs, et les méthodes y sont respectueuses pour l’environnement. Aucun véhicule à moteur n'est autorisé, seuls des bœufs tirent les charrues rudimentaires qui servent surtout à aérer une terre rouge, riche et généreuse. Évidemment aucun engrais ou produit chimique, les bœufs s’occupent de fertiliser naturellement le sol. 

La rotation des cultures y est naturellement pratiquée, ainsi le tabac laisse la place à la canne à sucre puis une friche occupe la parcelle pour une saison. 

Du haut de son cheval au galop, un enfant nous sourit timidement, il est confortablement installé, mais n’a ni selle, ni étriers. Je m’accroche à mon canasson de peur de tomber, je suis définitivement plus à l’aise sur une selle de moto… 

Les troncs lisses et le port altiers des palmiers royaux, arbres emblématiques et originaires de Cuba, ponctuent le paysage de leur silhouette élancée. Un paysan courbé derrière ses bœufs, suivi de près par quelques aigrettes d’un blanc immaculé, retourne son lopin de terre. 

Seul le claquement des sabots de nos chevaux et quelques pépiements d’oiseaux dans les futaies sonorisent le paysage. La plénitude totale ! 

Nous arrivons à la deuxième halte : un séchoir à tabac où un verguero nous explique tout sur le produit phare de la région. 

La graine de tabac est la deuxième plus petite du monde après celle de l’orchidée. On ne peut donc pas la semer à la volée ou au semoir classique comme bien d’autres plantes. 

De juin à août, alors que la chaleur est accablante, il faut préparer les champs. Les semis commencent en pépinière au mois de septembre, puis les plants sont repiqués aux champs vers la mi-novembre. 
Les feuilles commencent à être récoltées, une à une de décembre à mi-mars. Il faut 1 mois pour récolter un plant au complet, du boulot de forçat ! 

Elles sont ensuite suspendues à des perches au plafond de la casa de tabaco, où en fonction de leur utilisation et de leur type, les feuilles vieilliront de 45 à 60 jours, la chlorophylle se transforme en carotène et la feuille passe du vert au brun. 

Ainsi séchées, elles sont ensuite conditionnées en paquets de cinquante et fermenteront sous des toiles pendant un à trois mois. Étant donné que le tabac est un monopole d’état, le paysan est obligé de lui vendre 90% des récoltes à un prix fixe. Fixe, mais très bas évidemment...
Les 10% restants sont consommés par les producteurs ou vendus à un meilleur prix aux touristes de passage. 

Notre hôte nous fait une démonstration de roulage de cigare et nous en offre un. Il propose de le tremper dans un peu de miel, comme faisait Ernesto, cela aurait le pouvoir d’adoucir la fumée… Asthmatique et toubib, le Che savait sûrement de quoi il parlait. 
Ben écoute, si en plus c’est bon pour la santé pourquoi se priver ? 

L’odeur dans la cabane est très agréable, elle me rappelle l’arrière chambre du bureau de tabac de mon papa. Nous saluons notre joyeux paysan et remontons sur nos selles, cigare accroché aux lèvres, casquette en arrière, peinard… 

Quelques minutes seulement nous séparent de la troisième halte : un bar grimpé sur pilotis où l'on boit le meilleur mojito de l'île ! 

On nous explique la culture du café qui pousse dans les montagnes et nous dégustons un miel issu de ses fleurs. Il sent fort et bon le café, mais j’ai un doute sur son authenticité. N’aurions-nous pas fait macérer quelques grains de café moulu dans ce doux nectar ?
Qu’importe, personne n’oblige à acheter quoi que ce soit, mais nous repartirons quand même avec une livre de café fraîchement torréfié. 

Deux gros bœufs nous observent de leur regard doux, et patientent en attendant leur prochain labeur. Il est déjà l'heure de remonter en selle, ouf, le mojito fait son effet, il était sérieux celui-là ! 

Il est 15 heures lorsque nous nous attablons à la cafétéria Jompiendo Rutina, devant une belle assiette de ropa vieja au prix imbattable de 3,50 cuc. 

Sur la rue principale, un magasin vends des cigares avec ou sans bague. Les prix vont du simple au double, et franchement, la qualité est pas mal la même. Évidemment, puisque c’est d’ici que part presque tout le tabac utilisé pour la fabrication de tous les cigares cubains. 

Ensuite, c’est une question de choix de feuilles, de roulage et de taille. On y trouve aussi quelques excellents rhums dont un Havana Club hors d’âge à presque 2300 dollars pour 50 cl ! 
Nous nous contenterons d’un mojito sur la terrasse d’un bar avec une superbe vue sur la campagne environnante. 

21 janvier 
On fait quoi aujourd’hui ? RIEN ! 
On se balade, on photographie des poules, des têtes de vache et des culs de porc. 
On s’écarte respectueusement devant un enfant à fond sur son tricycle, et on suit une sente à travers quelques champs. 

Le chemin nous fait traverser la vallée en direction de l’hôtel Los Jazmines. La balade est vraiment sympathique et plutôt facile, elle permet de découvrir d’autres points de vue et on n’y rencontre personne. 
L’hôtel est un gros centre touristique où tous les bus déversent leurs flots de visiteurs pressés pour quelques photos et puis s’en vont. 

Nous continuons notre périple en suivant la route qui passe devant le récent centre d’informations du parc national. Plusieurs photos et maquettes expliquent la faune, la flore et l’activité humaine des lieux, un endroit intéressant à visiter. 

Quelques champs de tabac accueillent le visiteur à l’entrée de la ville. Un paysan accroche ses feuilles sur un support avant de l’emporter dans la chaumière de séchage. Un attelage de bœufs tire une carriole, une grande affiche affirme que Cuba est notre, et André sympathise encore une fois avec des animaux. 
Poules, et surtout cochons sont ses mascottes préférées… 

Nous traversons l’ouest de la ville et montons en direction de l’hôtel Horizontes La Ermita
Un peu de luxe pour des touristes plus fortunés, mais l’accès y est libre et prendre une pause houblonnée face à la vue sur la vallée récompense les efforts fournit pour grimper tout là-haut. 

Un dernier verre dans l’un des bars joliment décoré de la rue principale et il est déjà temps de rentrer préparer nos sacs pour la prochaine destination : Trinidad.

CLIC - CLAC, merci Cricri !
Viñales en images



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...