Cuba - La Havane

Aéroport Trudeau Montréal
Cette année, notre voyage hivernal ne sera ni loin, ni long. 
Disons que notre périple au Chili a quelque peu grignoté nos économies, mais hors de question de se priver d’un voyage, même s’il faut se contenter de quelques croûtons de peaux de patates pour y parvenir ! 

Nous n’en sommes quand même pas arrivé à ce stade ultime, et optons pour un séjour de deux semaines dans un pays que nous croyons connaître : CUBA

Maintenant que je pratique couramment l’espagnol, ce serait dommage de ne pas en faire profiter les Cubains. 

Carte Cuba
Nous sommes déjà allé plusieurs fois à Cuba, enfin pas vraiment à Cuba, plutôt à Varadero… Péninsule posée sur le détroit de Floride, voisine de l'étasunienne Key West, cette station balnéaire est un amas d’hôtels bordés d'une plage superbe. 
Mais cette enclave touristique n’est pas vraiment Cuba. On y entend plus parler anglais et français qu’espagnol, et tout y est fait pour que les touristes ne se sentent pas trop dépaysés. 

Se reposer d’une longue année de labeur dans un hôtel tout-inclus, ne penser à rien qu’aux heures des repas, compter un à un les grains de sable filer entre ses orteils, passer de longues journées à lire à l’abri d’un palapas et se jeter dans les vagues en hurlant comme un enfant, c’est aussi des vacances. 
Mais cette année, nous voulions voir autre chose. C'est un départ pour deux semaines de balades dans quelques villes cubaines, à la rencontre des habitants et de leur joie de vivre. 

15 au 18 janvier - La Havane 

La Havane - Carte - La Habana
Trois jours dans la sublime capitale cubaine, au rythme des notes de salsa, et des sourires des habitants. Trois jours un peu frais, ici aussi c’est l’hiver, mais ensoleillés et tellement agréables. Déambuler dans les rues défoncées, se mêler aux locaux, rentrer à l’heure qu’on veut, bien manger pour pas cher, sentir le pouls de la vibrante cité et ressentir enfin le vrai Cuba. 

Dès notre arrivée, nous changeons quelques devises au bureau de change de l’aéroport où le taux est relativement correct, mais comme le peso convertible CUC est indexé au dollar américain, nos pauvres billets de menue monnaie canadienne disparaissent comme par enchantement. 

Nous grimpons dans un taxi vers le centre-ville. Le prix de 25 CUC est fixe (même si les chauffeurs essayent, avec le sourire, de négocier à la hausse), et on vous dépose devant l’adresse indiquée. Il n’y aucun autre moyen, en tout cas, pratique et rapide de rejoindre La Havane depuis l’aéroport. 

Casa Particular Arcangel
Arcangel
Suite à quelques recherches sur internet, nous avons jeté notre dévolu sur la casa particular Arcangel
Pas vraiment au centre de la vieille ville, cette casa/café, permet de se sentir intégrée à la vie locale. 

Très gentiment accueillis au Arcangel, nous découvrons une chambre presque aussi grande que notre appartement montréalais et où le plafond semble rejoindre les nuages. 
Le café attenant propose d’excellents expressos et quelques sandwichs très gourmands.

Les enfants jouent dans la rue, les hommes réparent pour la millième fois leur Dodge 1952, les femmes étendent le linge, et tous s’interpellent de balcons en terrasse, de fenêtre en ruelle. 
La vraie vie. 

Nous partons rapidement découvrir les alentours, repérons notre restaurant de demain soir et allons boire notre premier mojito dans ce qui deviendra notre bar attitré, le El Dandy

16 janvier
La Havane - MaleconLe ciel est toujours un peu voilé, le vent souffle fort et le mercure est fatigué. Mais la magie de cette ville figée dans le temps opère et nous prenons plaisir à profiter du temps qui passe. 

Le Malecón, cette jetée qui tente de protéger la ville des assauts des vagues, offre une promenade de 8 kilomètres et, est un incontournable de toute visite de la ville. Surtout quand le mauvais temps est établi ou qu’un coup de tabac vient d’avoir lieu.

Submergés par quelques vagues plus grosses que les autres, les touristes prennent des risques pour LA photo qui va alimenter leur compte Instagram et faire d’eux des stars autant virtuelle qu’éphémère. 
Le spectacle vaut vraiment le coup d’œil, mais le vent et les embruns calment nos ardeurs exploratrices et nous retournons nous mettre à l’abri des bâtisses coloniales de la vieille ville. 

Ville en éternelle reconstruction, car faute de moyens financiers et surtout subissant un embargo depuis 1962, les Cubains n’ont jamais pu entretenir ce bijou de patrimoine culturel et architectural. 

Les assauts de la mer, les tempêtes et cyclones, la nature même du climat des Caraïbes ont eu raison des efforts menés par des générations de débrouillards. Ce qui était rénové il y a 5 ans ne peut pas être entretenu et tout doit recommencer à chaque fois. 

Mais c’est aussi ce qui forge l’identité cubaine, cette volonté de ne jamais baisser les bras, cette joie de vivre le quotidien et cette résilience à toute épreuve. 

Si la plupart des habitants de cette grande île vivent dans la pauvreté, il n’y pas de misère comme on peut le voir dans d’autres pays. Chacun a son lopin de terre pour cultiver ses légumes, les soins médicaux sont gratuits, le pays possède le plus grand nombre de médecins par habitant (même si ces médecins sont payés une misère, environ 80$CA par mois), le taux d’alphabétisation est le plus élevé du monde à 99,9 %, et, par défaut, il n’y a pas ou peu de pesticide, ou engrais chimique dans l’île. 

Depuis peu, les choses changent. Le vieux révolutionnaire est mort, son frère vient de céder la place à un nouveau dirigeant, toujours communiste et fidèle à la ligne du parti, mais plus ouvert au changement. 
Les Cubains ont à présent le droit de vendre et d’acheter des maisons(avant ils ne pouvaient que les échanger), on voit apparaître des téléphones cellulaires (hors de prix) et des points d’accès Wi-Fi. Ils peuvent également voyager, et surtout revenir, ce qui était impossible du temps de Fidel. 

Sur le Prado, la longue promenade qui part du Capitole jusqu'au Castillo de San Salvador de la Punta, des dizaines de Havanais affichent des cartons sur lesquels ils proposent la vente de leur maison.

Concernant Internet, si nos yeux d’occidentaux trop gâtés voient ces progrès comme le malheur annoncé et vécu dans nos sociétés, il faut se mettre à la place de ces jeunes qui eux aussi rêvent de voir le Monde et participer à l’orgie planétaire des réseaux sociaux.

D’ailleurs lors de notre voyage, nous avons plus souvent vu des touristes se jeter comme des hyènes affamées sur les zones connectées et complètement oublier d’admirer le soleil se coucher dans une incroyable explosion de couleurs irréelles. Aussi irréelle que leurs existences virtuelles. 

Après une journée bien remplie de déambulations, nous allons honorer notre réservation au fameux Paladar La Guarida
Dans une bâtisse de 1913, ayant servi de lieu de tournage du fameux film Fresa y chocolate, seul film cubain ayant été nominé pour un Oscar, un restaurant nous accueille. 
Mais d’abord, il faut réserver, ce que nous avons fait par Internet avant de partir de Montréal. 
L’escalier majestueux nous invite à grimper à l’étage. 
Malheureusement, la météo capricieuse ne nous permet pas de profiter de la table du balcon que nous avions réservée. Ce n’est pas une punition puisque les salles sont aussi immenses que solennelles. 
La cuisine est inventive et goûteuse, on imagine les trésors de débrouillardise qu’il faut développer pour s’approvisionner en produits frais et originaux. La créativité du chef fait le reste et la magie est dans l’assiette. 

Par contre le sommelier était un peu en panne ce soir, mais qu’importe, nous y avons bien mangé et bien bu. 
Le prix est à la hauteur de l’expérience, on est loin d’une pizza au coin de la rue, mais il ne faut pas oublier que notre présence fait vivre des dizaines de fournisseurs, cuisiniers et un tas de petites mains tapies dans l’ombre. 

17 janvier 
Aujourd’hui, le ciel a failli nous tomber sur la tête. Par chance, à chaque fois, une brasserie ou un joli café nous ouvrait ses portes. 

À La Havane, depuis quelques années, plusieurs cafés et restaurants voient le jour et rivalisent d’ingéniosité pour se démarquer. Quelques bonnes bières sont brassées à la Cerveceria Antiguo Almacen de la Madera y El Tabaco, et l’endroit vaut une petite visite. 

Pour les gourmands, il faut aller voir le glacier Helad’oro dans la Habana Vieja, la glace y est excellente, ça change de l’incontournable Coppelia… 
Cerveceria Antiguo Almacen de la Madera y El Tabaco
Helad'oro

Les vagues furieuses se jettent toujours sur les voitures et les piétons qui osent longer le Malecón. L’immense et majestueux Hotel Nacional trône du haut de son promontoire et le mojito y est loin d’être le meilleur de la ville. Mais on aime admirer son architecture et on devine le faste des années folles.

La callejon de Hamel, cette petite ruelle remplie d’œuvres avant-gardistes est toujours aussi colorée (et un peu attrape-touriste à mon goût), et toutes les rues adjacentes sont en voie de construction pour y installer un nouveau système de canalisation. Il faut bien ouvrir les yeux sous peine de finir étalé dans une flaque de terre molle ou dans un trou fraîchement creusé… 

Nous grimpons les escaliers de l’Université de La Havane sous le regard et le geste protecteur de l'Alma Mater, d’où la vue est aussi vénérable que l’institution du savoir. 
Et puis c’est un retour vers la vieille ville, où nous visiterons la fantastique imprimerie Taller Experimental de Gráfica tout au fond d’une impasse de la Plaza de la Catedral

Créé en 1962, l’atelier d’imprimerie expérimental, abrite de très vieilles presses que des artistes utilisent pour créer des œuvres graphiques loin des sempiternelles affiches d’un Che pétunant ou de vieilles voitures sur fond de dôme du Capitole. En clair, il faut y aller ! 

Et c'est juste à coté de la Catedral de San Cristobal qui mérite également une visite. 
Le hasard faisant parfaitement les choses, cet atelier est situé juste à coté de notre restaurant de ce soir, le fameux Doña Eutimia. Un tout petit restaurant où là aussi, il vaut mieux réserver pour avoir une table à une heure convenable. 
Les assiettes sont très bien remplies, les prix abordables, un bel endroit dans ce quartier touristique. 

18 janvier 
Le soleil est arrivé ! 
La température est enfin plus agréable et la mer a décidé de submerger le Malecón, et les rues adjacentes. 
Déambuler dans les rues de La Havane, au doux rythme de ceux qui ne sont attendus nulle part est un plaisir immense. 

Un trompettiste rempli son instrument de notes aussi volage que les embruns salés sous les imposants murs du Fort El Morro, qui domine l’entrée du port de la capitale. Les vagues s’écrasent violemment et submergent les notes du musicien, quelques touristes s’approchent trop près de la mer en furie et se noient dans la brume salée pour quelques photos. 

Nous admirons de longues minutes la perspective de cette grande jetée que la mer veut engloutir. De retour à l'abri du cœur de la ville,l’œil aux aguets, nous déambulons au hasard des rues colorées. 


Ce midi, nous allons manger au Los Nardos
Restaurant à la salle sombre et toujours pleine situé en face du Capitole. Les portions sont gigantesques, il faut éviter d'écouter son estomac trop affamé qui sera bientôt plein à craquer. Le personnel propose d'emporter les restants ce qui pourrait vous faire un lunch pour le repas suivant ou le bonheur d'un indigent.

Le fameux bleu cubain se mêle aux peintures pastelles, délavées par les ans. Les murs décrépis tiennent par magie et par conviction des habitants qu’ils abritent. Les demeures ancestrales rivalisent de beauté passée. 

Sur chaque place, dans chaque ruelle, des enfants se lancent des balles de base-ball, le sport national. 
De temps en temps, un adulte qui voit passer la balle dure de trop près lâche une exclamation, et le jeu continue. 

De maigres chariots de fruits et légumes circulent, précédés des cris des vendeurs. Un tricycle transporte des feux d’artifice de glaïeuls et de marguerites. Quelques fresques habillent les murs lépreux. Des mamies font descendre un panier en osier accroché à une cordelette de leur fenêtre et un voisin ou un commerçant vient y échanger des marchandises contre quelques pesos. 
Un bar affiche crânement une pancarte : Nous n'avons pas le wifi, mais il y a de la bière qui facilite la communication ! 

Impossible de ne pas retourner sur le Malecón, le soleil qui vient s'y perdre donne des reflets magiques aux vagues, et les embruns saturent le ciel de poussière d'or.

La journée se termine dans les bronzes du soleil couchant. Les façades aux ornements sculptés dans la pierre blonde se parent de chaudes couleurs et, tranquillement, la ville se drape dans l’obscurité.
Des fenêtres s’illuminent, des musiques aux rythmes ensoleillées viennent s’écouler sur les trottoirs et la belle ambiance d’un doux soir d’hiver envahit tranquillement cette ville qu’il fait aussi bon découvrir le soir.


CLIC - CLAC, merci Cricri !

Quelques vues de La Havane 




À demain, à Viñales.
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