30 juin 2013 - Jour 2
On dirait que la ville au complet s'est transformée en hammam ! Il fait une chaleur et une moiteur digne d'un sous-bois amazonien, comment font tous ces yuppies pour se promener en costard-cravate ?
Ma deuxième (et dernière) exigence lors de ce voyage est d'aller assister à une messe gospel dans Harlem. Toutes les chances sont de mon coté : on est dimanche, il est tôt et le bus nous dépose dans Manhattan.
Il nous dépose certes, mais au sud du pont de Brooklyn pour emmener des touristes faire une croisière. C'était pas prévu ça... Je me dis que nous avons encore le temps, la messe commence à 11 heures, il est 9h30 et la ligne de métro est directe.
Niaisage entre bus, on échange des passagers, on attends, on attends encore, et encore... Désolé, mais là ma patience vient tout juste d'atteindre sa limite maximale de tolérance. Nous sommes tellement au sud de Manhattan que d'ici on peut lire les noms des immigrés de la stèle d'Ellis Island ! 10h30, je ne sais pas où je suis, pas de métro à l'horizon, cette journée commence vraiment mal.
Contre toute attente une bouche de métro apparaît, nous savons où nous sommes et savons où aller. Pour faire court : le métro arrive tout de suite, ligne directe pour Harlem, repérage immédiat des rues et la messe commence avec 1 heure de retard (ou alors mes informations ne sont pas à jour). Les astres semblent se réaligner, et les portes du Greater Refuge Temple s'ouvrent devant les foules de croyants et de quelques touristes.
Au même titre que traverser l'East River à pied ou voyager dans le temps au Oyster Bar, une messe Gospel est une expérience à vivre. Croyant ou non, il se dégage de cette ferveur un je-ne-sais-quoi d'irréel. Les chants et témoignages font monter la tension, les têtes dodelinent aux rythmes des incantations, quelques personnes sont quasi possédées, elles dansent entre les bancs, frappent des mains, hurlent Alleluia ! Pray Jesus ! Pray God ! Amen ! Alleluia, etc.
Juste derrière nous un homme exulte sa foi en hurlant littéralement sa joie de vivre, il finira par se faire sortir par son fils rouge de honte.
La dame à coté de moi ressemble à ma grand-mère. Une grande bringue bien mise avec des cheveux blancs éclatants et des gants en dentelle. Elle fraude l’aumône en montrant ostensiblement un billet de 20$ tout neuf et par un habile tour de passe-passe le remplacera par un coupon rabais. Astucieuse comme l'était Mamama Mathilde !
Après une heure trente de délire mystico-religieux et n'en voyant pas la fin, nous nous éclipsons discrètement pour rejoindre le soleil et l'athéisme plus calme. La jolie grand-maman me bénis et me souhaite une bonne vie. Je vous en souhaite tout autant ma belle dame.
Mon sentiment est ambivalent, partagé entre la joie d'avoir participé à une fervente communion très joyeuse et colorée, mais aussi par ce semblant de fanatisme religieux. Une chose est certaine, j'ai très envie de revenir faire un tour dans un temple baptiste un dimanche matin !
Nous regagnons le sud de Manhattan pour visiter le site de Ground Zero. Le ciel bas et la pluie font de ce gigantesque mémorial un endroit glaçant. Les noms des 3000 victimes sont gravés sur des parapets de bronze au bord de deux immenses fontaines représentants les tours effondrées. Dans le quartier on aperçoit encore çà et là des traces de cet incroyable désastre.
Les parasols des terrasses de Little Italy sont invitants, le retour du soleil et la truculence méditerranéenne nous emmènent bien loin de la Grosse Pomme.
La journée va bientôt se terminer, il est temps de rejoindre Times Square.
Cet endroit est dément ! La foule s'y presse sans trop savoir où elle va, le nez en l'air, hypnotisés par les néons multicolores, les immenses affiches des comédies musicales et le déroulant du NASDAQ qui nous nargue de ses milliards de dollars. Les héros d'un jour exhibent leurs muscles gavés d'un délicieux cocktail de testostérone et de stéroïdes, d'autres font les clowns dissimulés sous des déguisement complètement ratés de Spiderman, ou encore des créatures toutes droits sorties d'un manga miment des minauderies ou des scènes de combat. Times Square c'est comme un très gros Jean Coutu, on y trouve de tout !
Nous pourrions rester à Manhattan et rejoindre l'hôtel via les transports en commun. Mais la journée s'est suffit à elle même, les jambes en coton tige et le front rougeoyant nous grimpons dans le bus climatisé en direction du New Jersey. Nous aurons même du mal à finir notre bouteille de gros rouge californien...
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