Mexique 2020 - Mazunte - San Agustinillo - Zipolite

Samedi 25 janvier - Mazunte
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Si la chambre est splendide, notre petit balcon donne directement sur les restaurants de la rue. Et notre posada est le repaire de tous les fêtards du bled.
Alors, jusque tard dans la nuit, les jeunes gens hurlent leur plaisir d’être en vacances. Mais nous avons nos armes secrètes, les bouchons pour les oreilles.

Il ne faut pas envisager de partir en voyage sans cette petite invention qui ne pèse rien et sauve pas mal de situations désespérées. Coqs, chiens, circulation, musique, vagissements avinés, hurlements de bébés dans l’avion, moteur de vieux bus, tous ces bruits sont filtrés et presque réduits à néant avant d’atteindre l’oreille interne.

Il faut dire que l'Arquitecto est une auberge de jeunesse, et ce n’est pas parce que nous avons une chambre de luxe, que les dortoirs ne sont pas en train de danser et de profiter de ce magnifique endroit. 
Vive la jeunesse hurlante, mort aux vieux cons !

Pour ne pas me répéter pendant 9 jours, je vais tout de suite faire un point sur le tout minuscule village de Mazunte.
Il fait partie, avec San Agustinillo et Zipolite des trois petites bourgades qui ponctuent ce bout de côte. 

Zipolite est le refuge des tout-nus, et sa plage est la seule officiellement naturiste du pays. San Agustinillo est un bled tranquille, familiale qui semble très agréable, quant à Mazunte, c'est le repaire des rastaquouères.

Néo-hippies débarqués de tous les pays, ça sent le patchouli à plein nez et la coupe de cheveux approximative.

Quelques établissements affichent leur menu végane, et des tas de petits kiosques vendent colifichets, bracelets et colliers plutôt bien réussis.
Beaucoup de ces vendeurs artisans arrivent d’Argentine, d’ailleurs leurs fantaisies capillaires ne peuvent mentir.
Court devant et sur les côtés, long derrière, coupe mulet pour les enfants, design Longueil pour les parents, avec ou sans tresses ou plus souvent en grosses touffes épaisses de dreadlocks, voilà à peu près les extravagances échevelées qui traînent dans la rue de Mazunte.

Des établissements proposent des massages chamaniques, des traitements magiques avec des pierres sacrées, des dizaines de cures détox, de l'excellent kombucha ou des superaliments à ajouter dans les smoothies.

Une bande de jeunes Français bronzés comme des retraités californiens hurlent : ‘’Macron démission ! ‘’ alors qu’ils trempent dans les vagues du Pacifique à des milliers de kilomètres de chez eux. Une troupe hétéroclite à laquelle ne manquent que des chiens et un bol à aumône.

Donc Mazunte c’est rastapoils, babacools, néo et vieux hippies, routards, jeunes filles véganes en robe de chanvre, beaux gosses bronzés et musclés, habillements de tissus chamarrés, et ambiance carrément relaxe et agréable.
Il y a aussi quelques personnes plus classiques dont nous faisons partie, mais eux on ne les remarque presque pas.

Pour arrondir leurs fins de journées, les vacanciers de longue durée offrent des prestations musicales dans les restaurants. Deux chansonnettes poussées aux rythmes d’une guitare fissurée ou d’un luth désaccordé, puis font le tour des tables avec leur chapeau qu’ils espèrent remplir de menue monnaie. Les gens sont tellement habitués de les voir que le succès est rarement au rendez-vous.
Pas découragés, ils partent vers l’établissement suivant avec quelques centimes dans les poches, ce qui leur suffit pour s’acheter un taco ou deux litres de bière.

Depuis notre arrivée au pays, nous sommes agréablement surpris par la quasi-absence de zombies agrippés à leurs téléphones comme des naufragés à leur bouée. Les gens se regardent, se parlent, profitent du temps qu’il leur reste à vivre en ne dépendant pas d’un écran pour assurer leur existence.

Mazunte est également réputé pour son Centre mexicain de la tortue, un établissement que nous devrions visiter d’ici quelques jours. 

D'après ce que j'ai lu, ils récupèrent des oeufs ou des tortues naissant durant la journée et qui ont à peu près 0,00000001% chance de survie, les mettent en bassins jusqu’à ce qu’elles atteignent une taille décente et les relâchent sur la plage afin qu’elles aient une vie paisible. 
Sauf bien sûr en cas de rencontre avec une paille, un sac en plastique, ou un support à canettes, ce qui est vraisemblablement le danger le plus présent parmi tous les prédateurs qu’elles vont rencontrer durant leur vie.

La plage, que les vagues battent avec une certaine force est une merveille, de sable blond s’étendant en demi-lune face à l’Amérique du Sud. Perché au sommet de son piquet, le drapeau jaune flotte en permanence, mais cela ne nous empêche pas de nous jeter dans les puissants rouleaux et de profiter du mouvement éternel de la respiration de l’océan.

L’indice UV de 9 sur 10 est perfidement dissimulé par une brise continue et un parasol à la protection illusoire. Le soir, presque tous les nouveaux vacanciers en seront quittes pour se jeter dans un bain de crème après-soleil et les petits plants d’aloe vera du jardin se verront amputés de quelques branches.


Dimanche 26 janvier – Punta Cometa
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Aujourd’hui, nous nous abritons du soleil. Malgré le parasol et le tartinage effréné de crème solaire, nos peaux d’albâtre ont virées au rouge vif en des lieux improbables.
Alors, nous attendons la fin de journée avant de profiter d’un bain d’océan, lorsque l’ombre de la falaise recouvre notre spot de baignade et qu’il y a un peu moins de monde susceptible de se moquer de nos drôles de coups de soleil.

En attendant, nous prenons le chemin de Punta Cometa
Montée intense, chemins de poussière, et litres de sueur, mais l’effort en vaut la peine.

Tout au bout de la piste étroite, un paysage magnifique s’offre à nous. La côte étend son horizon flouté par les embruns salés, les longs rouleaux finissent leur course en d’infinies lamentations, l’air est chargé de brume océanique. 

Le vent fort rend instable la marche sur l’étroit sentier qui mène vers la petite pointe et André sent monter en lui une petite crise d’acrophobie. Simplement de me voir gambader comme une chèvre des montagnes le rend malade, et j’essaie de respecter ses hurlements, mais le tumulte des vagues ne me permet pas de comprendre ce qu’il veut me dire. Las, il s’assoit et attend que je revienne sain et sauf de la photo que je veux faire du haut de la falaise, où il s’imagine qu’une mort certaine m’attend.

Je n’ai nulle envie de décéder aujourd’hui, pas plus que demain d’ailleurs, ne prend aucun risque inutile et revient sur mes pas ramasser le corps inanimé blanc comme un linge propre.

Contre son gré, nous poursuivons notre progression entre bosquets et à-pics vertigineux. 
Le brouhaha des vagues résonne contre les parois, le sentiment de liberté est immense. Enfin sauf quand je me retourne et vois le visage fermé de mon compagnon voyageur.

Traversant la plage battue par l’océan où des panneaux informent le promeneur qu’il est interdit de se baigner, mais que certains trompe-la-mort décident de braver, nous remontons vers la fameuse Punta Cometa, réputée pour ses couchers de soleil.

Tout en bas, quelques personnes prennent un bain agité dans ce que les locaux surnomment le Jacuzzi. Une grosse baignoire où la mer s’engouffre, mais qui s’avère très dangereuse à marée montante. Qui donc sait quand la marée est montante ou pas ? 
En tout cas, des gens s’y baignent, mais l’accès est vraiment casse-cou, même chaussé des infatigables sandales Birkenstock.

Nous redescendons vers Mazunte, alors que la foule des adorateurs de l’astre solaire nous croise pour admirer l’ultime course du jour de notre étoile bien-aimée.

Ce soir encore, la Taqueria El Mazunte aura le plaisir de remplir nos estomacs avec ses énormes tlayudas, pour un prix inversement proportionnel à l’excellente qualité de sa nourriture.



Lundi 27 janvier - Zipolite
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Après une délicieuse brioche fourrée à la banane et au chocolat noir chez le boulanger suisse La Baguette, nous arrêtons un collective en direction de Zipolite.
Une vingtaine de minutes et 10 pesos plus tard, nous sommes déposés dans le petit stationnement et poursuivons le chemin à pied.
Nous devons aller au kiosque de la compagnie Lineas Unidas afin d’acheter les billets pour le retour à Oaxaca. J’ai déjà hâte de recompter tous les virages pour voir s’il y en a autant qu’à l’aller. 

Nous traversons le village dont les commerces sont encore fermés. Quelques vacanciers d’un âge certain se promènent sous le soleil de plomb, et les accents fleuris que nous percevons nous confirment que nous avons bien fait de poursuivre notre séjour balnéaire chez nos amis à poil long. 

Il fait une chaleur de four à convection dans le petit bureau où une jeune fille attend les prochains passagers. Rapidement, nous choisissons nos sièges, payons les 240 pesos par personne et fuyons au plus vite la fournaise infernale.

La Playa del Amor, est une mignonne échancrure cachée dans un repli de roches, accessible via une volée de marches où un panneau indique qu’il est préférable de ne pas avoir de relations sexuelles sur la plage.

Zipolite, ou Zizipolite, ou Zounepolite, c’est le royaume des tout-nus. Mais on peut aussi garder son maillot sans se faire juger et c’est ce que nous faisons en arrivant dans la très jolie petite crique. 

La mer s’engouffre assez puissamment entre les rochers, le sable est fin, les hauts contreforts rocheux projettent une ombre bienveillante, un bel endroit pour passer quelques heureux moments. Même sans relations sexuelles.

Nous revenons vers le village en parcourant l’immense plage d’un 1,5 kilomètre, trouvons de quoi nous sustenter et repartons vers notre havre de paix Flower Power.

Finalement, la tranche d’âge est encore un peu trop haute pour nous, et nous surprenons beaucoup trop d’accents francophones sur les Champs-Élysées locaux.

Pour couronner le tout, Zipolite est considéré comme l’une des plages les plus dangereuses au monde.
Son nom viendrait de la langue zapotèque signifiant : la playa de los muertos (la plage des morts). 
Les courants y sont très forts et de nombreux baigneurs ont vu leur vie se terminer dans l’estomac de la faune sous-marine locale.

Si les grosses vagues battent toute la côte, ici la plage est longue dans l’océan. Il y monte alors une énorme masse d’eau qui doit bien finir par retrouver son lit et emporte avec elle les baigneurs imprudents. 
À Mazunte, où nous finissons notre journée, la plage est courte et plonge rapidement, les vagues s’y cassent et tout le monde retrouve sa famille le soir.


Mardi 28 janvier – San Agustinillo
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Fidèles à nos habitudes, nous allons acheter nos viennoiseries à La Baguette et allons boire notre café en face chez nos presque amis argentins au Cometa Café
Ici personne ne s’offusque que l’on apporte de la nourriture ou un café chez un concurrent, l’avantage de crécher chez les hippies.
Le pain fourré de chocolat noir et de tranches de bananes avalé, nous prenons la route vers San Agustinillo, petit village à 20 minutes de marche.

La côte est raide sous le soleil, mais rapidement nous arrivons en plein centre-bourg et allons directement sur la plage. Les rouleaux sont trop puissants pour que quiconque ait envie de se jeter à l’eau. D'ailleurs le drapeau rouge flotte au vent, bien visible de tous, et les coups de sifflet autoritaires des surveillants suffisent à couper toute envie de désobéissance.

Seuls les pélicans, gros oiseaux sortis de l’imagination fructueuse d’un dessinateur de BD, osent affronter le vent et les embruns.

Ils patientent sur leur rocher battu par l’écume, scrutent la surface de l’eau, prennent leur envol et se jettent sur leur proie qui n’a rien vu venir.

Les ailes frôlent la surface de l'eau bouillonnante, malgré leur taille et leur allure pataude, ils maîtrisent parfaitement les éléments et volent avec grâce.

Profitant du vent qui rend l’atmosphère respirable, nous parcourons la plage, revenons sur la route principale et constatons que nous sommes très bien à Mazunte.


À San Agustinillo ce sont des hôtels familiaux un peu plus haut de gamme qui accueillent les touristes, des bungalows nichés sur le flanc de la colline avec une vue imprenable, une clientèle plus aisée, un choix de restaurants limité et la plage, comme celle de Zipolite, est orientée face à l'océan qui vient s'y jeter de toutes ses forces.

Avant de repasser de l’autre coté, nous dégustons une noix de coco bien fraîche et admirons encore une fois l’océan à travers les trouées entre les maisons.

Un homme et son cheval sont entrés dans la boulangerie La Baguette, personne ne songerais à faire le moindre commentaire quand à la présence de l'animal dans un commerce de nourriture.

Nous retrouvons notre bout de plage où l'ombre salvatrice de cette fin d'après-midi nous permet de profiter de deux heures de jeux dans les vagues sans craindre les rayons ultra-violets


Mercredi 29 janvier – Laguna Ventanilla
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Suivant les recommandations de notre hôte David, nous marchons en direction de la lagune de Ventanilla
En fait c’est quand même assez loin, et la combinaison du soleil écrasant et de la circulation sur la route principale sont deux éléments angoissants. 

Enfin, au bout de 30 minutes d’efforts et de surveillance du trafic, nous arrivons à un petit kiosque qui vend des billets pour le tour en bateau. Il reste encore une dizaine de minutes de marche pour parvenir aux paillotes où Diego, notre guide va nous chaperonner.

Il nous explique dans un espagnol châtié en parlant lentement pour que tout le monde comprenne, l’histoire de la mangrove et surtout sa destruction suite au passage de l’ouragan Charlotte en 2012.
La tempête a détruit des arbres, mais surtout le banc de sable qui sépare l’océan de la lagune. L’eau de mer s’y est alors engouffrée et a totalement déstabilisé l’écosystème des lieux. Beaucoup d’animaux sont morts et la végétation a énormément souffert.

Il nous fait également une démonstration qui frise le numéro de magie en ramassant du sable avec un gros aimant.
La plage a des teintes sombres, le sable est presque noir. Pas de volcan à l’horizon, ici personne ne sait vraiment d’où provient ce matériau.
Toujours est-il qu’il rend la plage inaccessible aux pieds nus, le soleil y déverse son trop-plein d'incandescence et un œuf y cuirait tout aussi sûrement que la plante des pieds.

Une fois séparée la magnétite du sable, par son puissant aimant, Diego s’amuse à passer l’aimant sous notre main contenant ce matériau qui réagit immédiatement aux sollicitations magnétiques.



Il est temps de rendre visite à la mangrove et à ses habitants.
Un sentier nous permet d’accéder à notre embarcation, mais avant, il faut faire sortir quelques reptiles de l’eau trouble.

Appels et promesse de restants de poulet font vibrer l’eau et soudain, on distingue deux yeux jaunes surveiller de près le sac en plastique. 
Émergeant du fond de sa vase, le crocodile ne mesure pas plus de 50 centimètres, mais ses dents et sa vélocité suffisent à faire hurler une touriste d’un autre groupe. Maudite folle, elle a failli nous faire partir en courant !

Sous le regard habitué d'un magnifique iguane vert qui n'a pas l'air de s'en faire, un autre saurien un peu plus conséquent s’approche et notre guide ne perd pas des yeux la bestiole. Les gros chicots saisissent les entrailles du poulet, et les avalent sans prendre le temps de bien mâcher.

Plus loin c’est un gros pépère qui se précipite sur une branche morte, et son apparente nonchalance n’est qu’un leurre dont il faut se méfier. 

Crocodylus acutus, ou crocodile américain, peut mesurer jusqu’à 7 mètres, peser plus d’une tonne, galoper à plus de 30 km/h et vivre près d’un siècle si les humains lui en laisse la chance. Sa nourriture préférée n’est ni l’homme, sauf le touriste a la chair plus tendre et l’imprudent, ni le cheval attaché à son piquet beaucoup trop gros pour la plupart des prédateurs, mais le chien dont il raffole. 
De fait il n’y a pas plus de 10 chiens dans le quartier, avec plus de 450 reptiles dans la mangrove, la prédation régule efficacement la population canine.

Nous sommes quatre à prendre place sur la pirogue, propulsée par une pagaie en bois dont le mouvement discret et silencieux est un prérequis pour naviguer le plus délicatement possible.
Diego nous explique que depuis 2012, une association de 12 à 16 villageois a pris la destinée de la mangrove en main. 

Sans réelle aide financière du gouvernement trop occupé à commanditer des magnats du pétrole ou accorder des réductions d’impôts aux gros groupes déjà multimilliardaires, les bénévoles replantent. Par contre, ils doivent d’abord obtenir l’autorisation dudit gouvernement, sinon point de salut… Le monde à l’envers.

L’association récupère les semences des palétuviers, les plantent dans une pépinière, et après un an de bons soins, vont les repiquer à la main, les jambes dans la fange, de l’eau jusqu’à la taille, surveillés par des centaines de crocodiles. 

Un travail de fourmi qui porte ses fruits, mais la croissance lente de l’arbre miraculeux qui se complaît dans l'eau salée ne permet pas encore une restauration complète de la mangrove. Ils ont la motivation pour eux et une détermination sans faille, ne leur manque qu'un peu d’argent.

Lentement, au rythme de la pagaie, nous découvrons la flore et la faune locale. Ici un anhinga ou oiseau-serpent, au long cou au plumage perméable, comme les cormorans, expose sa livrée au soleil pour la faire sécher, là un gros martin-pêcheur posé sur sa branche, l’œil affûté et à la vitesse affolante, quelques échassiers en maraude ou des poules d’eau flottent sur l’onde tranquille.

Dans le fouillis des racines aériennes des palétuviers, quelques iguanes se prélassent au soleil. 

Des petits verts tout mimi, jusqu’aux énormes bestioles jaunes sorties tout droit de la préhistoire, ils ont survécu jusqu’à nos jours en dépit de tout ce que l’homme fait pour détruire ces écosystèmes aussi fragiles qu’indispensables.

La visite se termine avec l’achat d'un sac de fleurs de jamaica qui nous vaudra une incompréhensible discussion que nous réglerons seulement le soir en faisant des recherches sur Internet.

Si la jamaica au Mexique, la fleur d’oseille en Guinée, Gwozey peyi aux Antilles françaises, la roselle en France ou le bissap en Afrique est effectivement une fleur d’hibiscus, ce n’est pas la même que celle de nos jardins. 
L’arbuste qui orne de ses magnifiques fleurs les parterres tropicaux n’est pas comestible contrairement à sa cousine Hibiscus sabdariffa
Il existe plus de 200 espèces et 30 000 variétés de cette plante, inutile de faire infuser vos fleurs, il est fort probable qu’elles ne soient pas comestibles.

À Oaxaca, on trouve la agua de jamaica un peu partout. Boisson désaltérante aux vertus médicinales et au délicieux goût acidulé de groseille ou de canneberge, elle est moins dommageable que les incontournables Coke ou Fanta, breuvages empoisonnés qui font des ravages parmi la population. Les Mexicains consomment 163 litres de ces boissons hypercaloriques par année et par personne et sont les tristes champions du monde de cette catégorie. 

N’ayant pas été invités à monter dans la voiture des deux touristes américains qui nous accompagnaient sur la pirogue, nous rejoignons la route avec l’espoir d’attraper un collectivo.

La chance nous sourit puisqu'à peine arrivés au carrefour un véhicule s’arrête et nous grimpons rapidement à bord. Je ferais le voyage sur le marchepied en m’agrippant à la carcasse tremblotante du véhicule, je commence à devenir local !

Le soir, après une belle séance dans les vagues, nous allons voir notre copine qui tient un magasin d’artisanat. Nous y venons tous les soirs acheter un petit quelque chose, et notre photo devrait bientôt trôner sur le mur de la boutique intitulée : clientes del año.  

Jeudi 30 janvier – Mazunte - Centre mexicain de la tortue
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Il y a si peu à faire dans le coin que cette visite était pour nous un incontournable.
Nous fiant à quelques commentaires, notamment d’un guide touristique que je n’achèterais plus, nous sortons 80 pesos chacun de notre porte-monnaie et franchissons les murs de ce centre.

Persuadés que nous verrions un centre pédagogique avec moult explications, nous étions impatients de cette visite. Nos attentes ont été froidement douchées et voici pourquoi.

Dès l’entrée, l'établissement semble délaissé. Non pas par les quelques employés que nous croisons, mais par l'absence d'une quelconque aide financière sérieuse qui permettrait sans doute de rénover ce lieu à l’abandon.

Parcourant un itinéraire à travers aquariums en plein air et vivariums où il faut trouver Charlie-la-tortue, nous nous amusons de l'émerveillement des enfants, mais ne parvenons pas à faire de même. 

Au bout du site, dans un grand bassin face à l’océan, tournent inlassablement quelques énormes tortues marines. Deux jeunes filles nettoient la triste piscine, mais aucune ne vient nous expliquer la présence de ces grosses bestioles hors de leur milieu naturel. 

Puis nous arrivons à la pouponnière, surveillée par ce qui ressemble à un touriste bénévole, comme les deux jeunes filles du grand bassin, mais lui non plus ne lâche pas son poste et nous en sommes quittes pour nous balader entre les grosses bassines où s’ébrouent les bébés tortues en attendant d’être relâchés. Je pense…

Avant de quitter le Centre, nous passons par les aquariums, dont la moitié des bassins sont vides de leurs occupants, mais trouvons que les rayons du soleil jouent joyeusement avec l’eau verdâtre.

Beaucoup de bâtiments sont abandonnés, des ébauches de constructions n’ont jamais vu le jour, ce beau projet, parti d’un bon sentiment est hélas une déconfiture. Mais avec des enfants, ça peut rester une visite divertissante…



Vendredi 31 janvier – Punta Cometa
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La grosse activité de la journée : assister au coucher du soleil du sommet des rochers surplombant les remous océaniques.

La grimpette est rude dans la chaleur de cette fin de journée, mais la récompense est au bout de l'effort. Déjà des dizaines d’adorateurs de l’étoile sont assis face à l’ouest, silencieux, méditatifs et patients. 

Mazunte n’est pas que le repaire des têtes dreadlokées, beaucoup d’adeptes de yoga s’y retrouvent pour d’intenses sessions et des cours avec des maîtres reconnus. 
L’ambiance est donc particulièrement zen, ici personne n’a eu le culot d’emporter son haut-parleur bluetooth pour faire subir sa musique à des voisins qui n’espéraient que le calme. 
Des groupes discutent doucement en éclusant quelques bières, d’autres sont en position du lotus, moi j’ai déjà mal au derrière et me fait manger les chevilles par de minuscules fourmis. André est resté bien loin du bord.

Tout en bas, les vagues battent la falaise dont elles vont finir par venir à bout. Sur la plage, quelques imprudents se jettent dans des rouleaux puissants et potentiellement mortels, et, indifférent au tumulte humain, le soleil continue sa course inéluctable.

Aucun nuage ne venant perturber sa progression, l'astre s’approche de son point de non-retour, en tout cas jusqu’à demain.
Ça y est, il touche l’horizon et tout va très vite. Cette journée qui ne semblait pas vouloir finir tellement elle était parfaite, va se conclure en de très courtes secondes. Un très timide et fugace rayon vert s’offre à qui l’attend et c’est terminé.

Point d’applaudissements comme sur la terrasse du Republica, le bar survolté d’El Nido. Tout le monde profite de cet instant de paix, à des années-lumière du désordre de notre pauvre monde qui part en sucette. 
Finalement, les groupes se dispersent, le crépuscule envahit tranquillement la côte, les longues ombres du soir disparaissent, il est temps de partir. 

Aucun déchet ne subsiste. Tout le monde a pensé à ramasser ses canettes, bouteilles ou autre papier polluant. 



Nous sommes très agréablement surpris de la propreté assez généralisée depuis notre arrivée, que ce soit en ville ou à la mer.
Si des groupes polluent par leurs cris et leurs effluves alcoolisés un carré de sable, ils repartent avec tous leurs déchets, sans oublier le gros Bill complètement saoul qui n’arrive plus à poser un pied devant l’autre.
Dans les commerces, on ne trouve pas de sacs en plastique et ça ne pose pas de problème à quiconque. J’ai vu une commerçante refuser de donner un sac à une touriste qui avait acheté deux avocats. Elle lui a bien fait comprendre qu’elle était capable de porter ses fruits à la main et que les sacs étaient réservés aux gros achats.

Aucune paille dans les boissons, sinon en bambou, pas de verres en plastique roulant sur le sable, les plages sont exemptes de mégots, les gens utilisent les cendriers en bambou mis à leur disposition en arrivant. De toute façon, il y a peu de fumeurs.

Les commerçants et les habitants nettoient leur portion de trottoir à grande eau, il y a peu de poubelles, mais personne n'aurait l'idée saugrenue de jeter un papier par terre.

Réfléchissez-y a deux fois quand vous parlerez de ces pays pauvres en voie de développement où vous n'êtes jamais allé, c'est nous qui sommes en retard de plusieurs années sur bien des sujets.

Finalement, pour une journée calme, j’en avais des choses à dire !

Le soir nous irons souper dans un resto un peu chic de San Agustinillo et comme leur WiFi ne fonctionne pas, ils nous laissent partir sans payer, car nous n’avions que notre carte de crédit. 
Il va sans dire que nous revenons le lendemain nous acquitter de notre dû, mais sommes restés totalement éberlués par la confiance de ces gens !



Samedi 1er février – Au revoir Mazunte
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Une dernière journée à humer les courants d’air salés, à marcher sans but, à tremper presque 4 heures dans les vagues, à honorer mon dealer de glace qui m’a repéré depuis longtemps, à accrocher et profiter du hamac sur l'aérienne terrasse de notre AirBnb et à faire rire la jeune fille qui s’occupe du petit magasin de souvenirs de la rue principale.
Elle nous offre un cadeau et dit qu’elle va pouvoir prendre des vacances grâce à nos achats !

Ce séjour sur la côte a été un enchantement. Il n’y a rien de très important à y faire et nos journées ont été bien trop courtes. 

Il y a beaucoup de chiens errants, et tous ressemblent vraiment à des chiens. Ils sont nourris et abreuvés par la population qui remplit des gamelles sur les trottoirs, les quadrupèdes passent leur temps libre à procréer et à jouer avec les humains sur la plage.

Il n’y a aucun jugement dans les yeux des locaux ou des touristes, tout le monde vit et laisse vivre, du moment que la tranquillité est préservée. 

Les couples de même sexe ne sont pas obligés de se cacher, les originaux, qui sont légion, n'attirent qu'un regard amusé, les enfants sont maîtres des lieux par leurs jeux, personne ne se laisse distraire du bon temps qui glisse sur les peaux bronzées.

Cette ultime journée s'éteint lentement devant un verre de Cuish tiré du fond de notre bouteille en plastique et dans les effluves d’un Upmann qui rend jaloux les quelques Américains amateurs du généreux et gourmand Corona Gorda et en sont privés à cause de la politique de leur pendejo de président.


3 commentaires:

  1. Toujours aussi délectable à lire.
    Merci😘

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  2. Merci ! Au moins je sais pour qui j'écris :)

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  3. Daniièle Kiffelmardi, 25 février, 2020

    Un régal de voyager à travers tes lignes, superbes photos. Merci et bises
    DK

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