Lundi 17 février – Tangalle, plage de Goyambokka

Cette nuit la mer est entrée dans notre chambre. Enfin pas la mer elle-même, le son de ses vagues. 

Cette catastrophe qu'a été le tsunami il y a presque 10 ans a laissé des traces sur terre et dans les esprits. La planète s'est alors beaucoup occupée de la Thaïlande où elle avait envoyé ses touristes, de l'Indonésie d'où tout est parti, et ensuite... 

Ensuite la vague a traversé l'océan Indien, a frappé des îles dont peu connaissent l'existence, et est arrivée sur les plages srilankaises. La superbe baie de Tangalle s'est transformée en entonnoir, les bords ont été submergés concentrant en son centre les flots furieux. Beaucoup d'endroits en portent encore les stigmates. Contrairement à Phuket où il a fallu tout effacer pour séduire une clientèle fort peu concernée par ce drame, ici les gens ont voulu en garder le souvenir. 
Ici, un mur de maison en ruine, là un bateau dans un jardin. Des petits cimetières jalonnent tout le rivage de Trincomalee jusqu'à Colombo et des pierres gravées d'un nom occidental et de la date du 26 décembre 2004 rappellent ce drame. Tout est redevenu normal, les gens se sont réinstallés près du rivage, évidemment les pêcheurs pouvaient difficilement exercer leur métier dans les terres. Les touristes ne sont pas venus pour visiter les fermes dans les collines, ils sont sur la plage. Alors on espère que cela n'arrivera plus tout en sachant que ce souhait risque d'être vain. On espère que les panneaux d'évacuation disposés ici comme dans le sud de la Thaïlande seront recouverts d'une nouvelle couche de peinture, car le dessin est presque partout effacé. Que les systèmes d'alerte qui ont coûté des millions seront fonctionnels et rapides. Que les mémoires resteront vives. 

Les vagues ont donc bercé notre sommeil. De temps en temps, une déferlante plus grosse que les autres s'écrasaient si violemment que le sol en tremblait jusque dans nos maisons. Mais ce matin le soleil est là, les petits écureuils rayés lancent leur répétitive stridulation aiguë vers le ciel. 
Nous allons prendre le bus vers la plage de Goyambokka où parait-il, les vagues sont moins violentes et la baignade plus facile. Pour quelques poignées de roupies, nous voilà à 10 minutes de Tangalle. Les hôtels qui bordent le chemin d'accès ainsi qu'un immense chantier témoignent de la situation privilégiée de cet endroit. Il doit y en avoir des dizaines des plages comme ça, mais, nous n'aurons pas le temps de les découvrir. 

Goyambokka
Effectivement, la plage est majestueuse, le sable est idéalement encadré de cocotiers, il est fin, doré et confortable. Le soleil y jette toutes ces forces, il est primordial d'y trouver de l'ombre. Pour ce faire, quelques cahutes proposent des chaises longues ou des matelas surélevés abrités de parasols centenaires. Il suffit d'y prendre un repas pour bénéficier de ce service, ce qui tombe plutôt bien puisque nous avons toujours faim. 

Les vagues y sont presque aussi imposantes que sur la plage de Marakolliya, mais la pente descend plus progressivement en mer et on a pied plus longtemps. Par contre pour s'éclater, c'est idéal, le body surf y est excitant et les sinus n'ont jamais été aussi propres. Dommage de ne pas avoir le rhume dans de telles conditions. 
Toute la journée se passera entre l'ombre du parasol, sous des couches de crème de protection et les vagues écumeuses de l'océan. 

Retour au bercail, douche froide, après-soleil et photos sur le balcon. Nous avions parlé hier soir avec le petit homme replet, que nous avons rebaptisé Danny (de Vito) coiffé de quelques longues couettes de cheveux bouclées cachant maladroitement sa calvitie pour aller voir les tortues luth pondre leurs œufs sur une plage à quelques kilomètres de là. Hélas en cette fin de journée le ciel se couvre et pendant notre repas au Roti Hut, des gouttes d'eau se mêlent au vent fort venant du large. Mais le kottu roti est pour l'instant mon seul centre d'intérêt. Loin d'être sec et étouffant comme c'est souvent le cas, ici il est mélangé avec des nouilles fines et des légumes sautés. Il est vraiment différent de tous ceux que j'ai pu manger et remporte la palme d'or 2014. 

Revenons à nos tortues. Danny, donc, nous dit que ça ira bien, qu'il ne pleut pas et qu'hier, ils ont vu 8 tortues. Hélas, les phares de la voiture sur le chemin contredit son analyse météorologique. Nous voyons bien que la pluie s'est installée et que les tortues pour ce qui nous concerne auront tout le calme voulu pour mener à bien leurs activités. Nous en reparlerons demain.

Les corps bercés par les mouvements des vagues s'allongent en un sommeil réparateur. Les chiens du quartier ne seront pas du même avis et mèneront la vie dure au gros toutou du propriétaire enfermé dans une cage. Il n'aura d'autres choix que de répondre de vive-voix à ces empêcheurs de dormir à fond. Les chiens peuvent-ils attraper des extinctions d'aboiements ?

Le tuk-tuk boulanger
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