On the road again, vers Munduk où les chiens sont hideux et les grasses matinées illusoires ! Mardi 23 février

Il est 10 heures 30, un soleil radieux nous fait l’honneur de sa présence et le sac que porte André pèse une tonne !

D’après l’indispensable monsieur Putu, il nous faudrait environ 1 heure 30 pour nous rendre à Bedugul. Ça nous en prendra juste le double, mais nous en sommes encore ignorants.
Grâce aux panneaux bizarrement disposés et aux noms orthographiés au hasard, nous nous trompons 3 ou 4 fois de direction.
Mais les habitants sont d’une extrême serviabilité et nous indiquent toujours la bonne route, contrairement aux thaïs, qui eux aussi font leur possible pour nous aider, mais ne savent en général pas du tout ou se trouve l’endroit que nous cherchons. Pour la même question 4 personnes différentes vont indiquer les 4 points cardinaux, persuadés que le fait de nous aider est déjà une bonne chose.

Ici quand ils ne savent pas ils hurlent vers l’arrière boutique pour trouver de l’aide ou arrêtent quelqu’un dans la rue en supposant qu’il saura mieux nous renseigner.
Sur la carte il y a deux itinéraires possibles, dont un qui semble emprunter une route sinueuse, promesse d’un paysage ou d’une vue exceptionnelle. 

Nous montons donc jusqu'à Petang et tournons à gauche, la route descend dans la vallée et c’est à cet instant précis que je me suis rendu compte de mon erreur de jugement, mais comment aurais-je pu deviner…
Sorties des axes principaux qui sont parfaitement entretenus, les routes secondaires deviennent à l’image du pays : tropicales.

Des portions entières du revêtement ont été emportées par les dernières crues, des nids de poule presque aussi dévastateurs que ceux de Montréal sont prêts à engloutir notre moto et comble du bonheur, nous sommes coincés derrière un camion qui a fait le plein dans une mine de charbon.
Il n’y a rien dans cette route qui offre un paysage même sans banal, mais nous traversons une espèce de jungle dans laquelle nous nous efforçons de trouver un semblant d’exotisme. André subit le martyr avec son sac à dos, la prochaine fois il passera son permis de conduire !
Heureusement le chemin de croix ne dure pas longtemps, une vingtaine de minutes plus tard nous débouchons sur la route principale qui est aussi lisse qu’une table de billard.

Nous roulons vers Munduk, un patelin perdu dans la montagne. La route tortueuse grimpe à travers les nuages, quelques singes effrontés nous regardent passer en ne bougeant quasiment pas. Je me demande s’ils attendent la chute éventuelle d’un motocycliste pour le dépouiller, chose que je n’envisage pas de faire.

Nous dominons à présent les lacs formés dans les anciens cratères de volcans depuis longtemps endormis. J’espère qu’aucun Prince Charmant ne songe à venir les sortir de leur torpeur durant notre visite.
La route est vraiment splendide, à gauche nous surplombons les lacs Danau Buyan et Tamblingan et à droite le regard se pose sur l’océan Indien et la côte nord de l’île.
Concentré sur la route je ne peux pas profiter du paysage que mon passager, mais c’est là sa juste récompense pour supporter le fardeau qui pèse sur ses frêles épaules.

La température a drastiquement baissée, nous sommes loin des torpeurs tropicales de Sanur et même de celles plus supportables d’Ubud. Nous roulons au-dessus des 1000 mètres, et même à 8o sud nous ressentons une nette différence.

Enfin après 3 heures de route, nous arrivons à Munduk, nous ratons le Homestay et devons faire demi-tour après qu’un aimable paysan nous eu indiqué le bon chemin. Il faut dire que les villages ressemblent plus à un alignement de maison et de mini-échoppes, et qu’il n’y a pas de place du village avec la poste, la mairie, le café du commerce, les rendez-vous des Sportifs, le café de la gare ou le bar du marché…

Côte à côte se tiennent le Guru Ratna et le Meme Surung, évidemment nous choisissons le mauvais, mais attendons demain matin pour le savoir…
Le personnel est super accueillant. Nous sommes très bien reçus et le jeune homme me fait visiter la chambre coloniale #1 qui n’est disponible qu’une seule nuit. Heureusement.

De toute façon nous sommes trop épuisés et avons trop faim pour allez chercher ailleurs. Demain il nous propose de nous transférer dans une chambre familiale, quasiment identique à celle-ci, mais avec une salle de bain commune. Et au bord de la route.
Après avoir déposés nos sacs et enfilés nos gougounes, nous allons nous attabler et commandons le repas.

Encore une fois le personnel est aux petits oignons, tout le monde est à l’aise avec l’anglais et nous sommes servis aussi bien que nous pourrions l’être dans un restaurant de Montréal. Les entrées arrivent avent le plat principal et nous mangeons toujours en même temps.

Le brouillard commence à tomber suivi de quelques gouttes, mais nos hôtes ont tout prévu et des parapluies sont à la disposition des clients dans chaque chambre. Les caprices de la météo en montagne doivent être a l’origine de ce genre d’attention. Au loin le tonnerre gronde timidement, pas certain de vouloir lâcher sa furie alors que nous venons tout juste d’arriver.

Nous sortons faire un tour du bled, ce qui sera réglé en 5 minutes. Retour à notre belle chambre, André se tape une sieste bien méritée et moi je tape quelques mots sur ce clavier.
Déjà l’heure de l’apéro, les grosses bouteilles de bière Bintang ne sont vraiment pas chères et cette bière est excellente, deux arguments contre lesquels nous ne pouvons résister.

Le souper suivra, toujours accompagné de la douce bienveillance du staff, nous profitons des délicieux et parfumés plats balinais.
Mais il est déjà 20 heures, il est grand temps d’aller nous coucher. Je lis les commentaires laissés par les précédents occupants de la chambre dans le livre mis à notre disposition. Les Français, très nombreux, se plaignent constamment du bruit, des coqs, des chiens et ne pense qu’aux boules Quiès… toujours à se plaindre ces Français là !
Le lendemain matin j’écrirais exactement la même chose !

La nuit a été infernale, en plus de la paranoïa que m’a transmise André avec ses puces de lit imaginaires, et a cause desquelles je me suis gratté une partie de la nuit, les chiens ont ensuite pris le relais de leur aboiements incessants. Je comprends qu’ils passent leurs grandes journées à dormir sur le bord des routes.

Au passage : si j’ai trouvé les chiens thaïs laids, ils n’ont vraiment rien à envier à leurs congénères balinais qui sont à tous points de vue, repoussants ! Même André, ami des animaux et qui avait déjà prévu de donner tout l’amour possible à ces petites bêtes sans défenses sera rebuté par leur physique parfaitement hideux et leur anatomie des plus incompréhensible. Mais avec quoi les habitants ont-ils bouturés ces bestiaux ?

Après les chiens, épuisés de tant de performances vocales, ce sont les coqs qui se mettent à vouloir donner de la voix. À 5 heures 45 tapante, tous les coqs du patelin s’échangent les dernières infos en direct de leur cage.
Dans le village d’Astérix il y a un coq et il se prend toujours une volée des les premières vocalises…
À Munduk il semble que chaque habitant possède 5 ou 6 de ces gallinacés et comme ce sont gens du matin la discordante cacophonie ne semble pas les déranger outre-mesure.

À peine 15 minutes après le début du brouhaha, les habitants partent à leurs taches quotidiennes. Couper des bambous avec une faucille, tondre la pelouse avec une faucille, récolter le maïs avec une faucille, récolter les bananes avec une faucille, modeler les rizières avec une faucille, tout se fait avec une faucille et tout le monde, homme, femme ou enfant possède une faucille et se promène avec.
Bali c’est le pays de la faucille !

Évidemment toutes ces petites gens se déplacent à moto, et de préférence avec des pots d’échappement ayant existés, dans un lointain passé…
Le bruit de la route, plus le chant des coqs annoncent la fin d’une nuit très brève. Il est 6 heures 15 du matin, la journée commence tôt, bien malgré nous !
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