24 janvier - Little Arabia


Aux alentours de Sukhumvit soi 3 à 5 (un soi est une ruelle perpendiculaire à l’avenue dont elle porte le nom) comme par enchantement, tout un quartier semble émerger de Dubaï, du Caire avec une pincée d’Istanbul matinée de Sénégal… Encore un dépaysement dans le dépaysement !

Les restaurants et cafés sont clinquants, leurs intenses éclairages font briller de mille feux la décoration argentée, les innombrables miroirs renvoient des milliers d’image de Christophe et de tous les autres clients.

Les fumeurs de chicha (bing une pensée pour Antoine) sont affablement attablés, serrant entre leurs dents le petit bout de plastique blanc et exhalant une fumée blanche, riche et agréablement parfumée à la pomme, à la menthe ou au raisin.
Sirotant doucement un petit verre de thé à la menthe brûlant et toisant de leur regard noir et profond la plèbe dans la rue.

Nous prenons place au milieu du resplendissant Nefertiti, stratégiquement situé au coin de deux ruelles, offrant une vue panoramique sur l’intense activité qui règne.
Nos kebabs et keftas de chèvre parfaitement grillés, le hummous et le taboulé (le vrai avec du persil, de la tomate et du jus de citron), et le pains nan tout juste sortis du four viennent enchanter notre table et ravir nos estomacs.

Nous sommes régulièrement interrompus par des vendeurs de montres, lunettes de soleil et autres babioles. A défaut d’être très insistants, ceux-ci reviennent toutes les 2 minutes pour confirmer, si besoin était, que nous n’avons pas changé d’avis. Il faut jouer le jeu, faire un signe de dédain de la main et secouer la tête sans regarder le brave a-chaland directement dans les yeux, ce qui pourrait être traduit comme un infime signe d’intérêt. Difficile de ne pas être poli et respectueux envers ces petites gens qui, de peine et de misère gagnent quelques sàtàang dans l’espoir de sortir de leur dénuement.
Mais je défie quiconque de garder son calme après le passage du 30ème vendeur, surtout quand c’est le même.
La façon la plus simple d’y parvenir est d’ignorer leur présence de façon respectueuse, et de cette manière nous allons rester aussi zen que Bouddha et les vendeurs ne perdrons par leur temps avec de faux espoirs de vente miraculeuse.

Ma voisine d'en face est sublime !
Une grosse madame, enveloppée dans sa longue robe noire, hijab sur la tête, maquillage outrancier, mains magnifiquement teintes au henné, vraie sacoche rouge en faux croco, vient de prendre majestueusement place.
Elle trône au milieu de toute cette clinquante quincaillerie, ornée de bagues d’or et de pierres, brillante comme une boule disco.
De son sac elle sort un thermos et de délicats petits verres d’or décorés, et sans complexe elle sert du thé à ses chums de filles.
Du double fond de son sac elle extirpe un tuyau de chicha et le fait installer sur la pipe à eau qui vient d’arriver.
Tout en devisant des dernières recettes avec ses copines, elle prend le temps de faire l’aumône à un chanteur aveugle qui hurle à tue-tête dans un micro (il doit être sourd en plus le pauvre), pince gentiment les joues d’un enfant qu’elle vient d’attraper au passage et sourit à la vie.
Un vrai bonheur !

Moi aussi je prend le temps de me commander une chicha sous le regard inquiet d’André qui pense que je vais replonger dans la consommation de cigarette.
Mais ce qu’il ne sait pas encore c’est qu’une pipe à eau peut se fumer durant plus d’une heure…
Petit instant de délice, où je me vois des milliers de fois pétunant comme une vieille locomotive et sirotant un délicieux thé mentholé, j’aime le arabian way of life !
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2 commentaires:

  1. L'épisode chicha me rappelle de doux souvenirs....
    Scaolllll

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  2. merci pour cette douce prose, j'avais le sentiment d'être bercée par les fumées de menthe, d'observer la grosse madame et j'essayais de garder mon calme à la lecture du comportement des vendeurs de montres...merci et à bientôt sur le blog, continuez à nous ravir

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