Andalousie - Séville - 2/2

Samedi 23 mars – Séville, pour un tout dernier jour

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Cette nuit, un cinglé a fessé de toutes ses forces sur un frigo pour le faire entrer dans son camion. 

À part cette anecdote savoureuse, les installations pour les défilés religieux sont toujours en cours et tout le peuple sévillan – aînés et enfants en bas âge compris – marche dans les rues et mangent à des heures improbables. 

Ça y est ! On l'a enfin trouvé ! 
Caché dans une petite rue, ne faisant pas cas de sa notoriété internationale, le fameux barbier de Séville officie dans son minuscule local.

Nous partons visiter le marché de Triana, ce quartier de l’autre côté du (faux) Guadalquivir. 
Finalement, c’est un marché comme les autres, mais un peu plus guindé. Des boutiques vendent des huîtres et du Champagne a un prix réservé à la classe aisée de la ville et certains marchands affichent No foto, no soy un monument

Là où les commerçants des marchés de Cadix et d’ailleurs, posaient fièrement à côté de leur marchandise, considérant à juste titre qu’ils étaient les monuments de la vie quotidienne des habitants de leur ville, ici on lève le nez et on se moque des touristes étrangers ou locaux qui se risquent à immortaliser un poissonnier ou un fromager. 

Finalement nous ne mangerons pas ici, ce marché pue un peu la condescendance et il y a tellement d’autres endroits où dépenser nos Euros si dûrement gagnées. 

Nous passons devant le Centre de céramique de Triana – Ceramica Triana - qui vend principalement des carreaux peints d’images pieuses ou de formes géométriques, des vases de toutes les tailles, des panneaux à accrocher devant la maison avec des inscriptions telles que : Bienvenidos a esta casa ou l’indémodable : mi casa es tu casa, sans compter les innombrables petites patentes-souvenirs pour les touristes. 

Dans la partie gratuite du petit musée attenant, nous pouvons voir l’ancien four dans lequel cuisaient les pièces et une décoration un peu plus dans notre palette de goût. Nous ne poursuivrons pas plus avant la visite, il faut s’en garder pour la prochaine fois.

Au-dessus des porches des maisons et des boutiques, de majestueux rameaux tressés célèbrent le dimanche du même nom et sera très suivi dès les premières messes du lendemain matin. Rameaux souvent surmontés d’images de la Vierge et de son Fiston, ici la pratique religieuse n’est pas un vain mot.

Une longue masse de curieux tente d’entrer admirer les pasos de l’église Hermandad de la Estrella. Ça se bouscule, ça photographie, ça s’émeut et se signe à tout va. 

Quelque soit leur âge, la ferveur des Andalous est hallucinante. De jeunes enfants, des ados, comme leurs parents, tirés à quatre épingles se prosternent devant la Vierge. Les gens sont tous sur leur 31, les familles sont chics et bien coiffées. 
La classe est de rigueur avec des chaussures parfaitement cirées, chemises et pantalons impeccablement repassés, et coiffés comme des figures de mode. D’ailleurs, en règle générale, les gens partout où nous sommes allés sont quand même assez classes. 

Une pause chez Kukuchurro s’impose et la demoiselle-friture est super heureuse de prendre la pose avec son kilomètre de churros fraîchement cuit. 

Nous retournons à Séville en passant par le pont de San Telmo, longeons la cathédrale, sans y entrer - ça va faire, les retables et les statues -, et nous perdons dans les rues bondées. 
Il faut dire que ce samedi est également jour de la fête des Pères en Espagne, ajouté au début des célébrations de la Semaine Sainte, ça fait du monde à la messe ! 

Un sandwich plus tard, nous grimpons au sommet des Setas, cette impressionnante structure en bois – et aussi beaucoup de métal pour faire tenir le tout – et parcourons la promenade aménagée en admirant la ville. 
Toujours ce ciel gris de poussière, que les jours suivants devraient nettoyer, puisque la pluie est l’invitée surprise et redoutée des festivités pascales*.

Au loin nous distinguons, émergeant de la brume de pollution – l’indice de qualité de l’air est très mauvais -, une fusée et une structure colossale. 

Il s’agit des constructions du Pavillon du Futur de l’expo 92 et l’immense pilier aux haubans noyés dans le brouillard, du Puente del Alamillo. 

Le quartier de la Cartuja, au nord de Triana, qui abrite notamment le musée d’art contemporain, a été choisi pour y organiser l’exposition universelle de 1992. C’est aussi d’ici que Christophe Colomb aurait préparé sa petite valise et sa route pour découvrir les Indes. 

Malheureusement, après l’expo, personne n’a vraiment été tenté d’habiter ce quartier excentré et la quasi-totalité des lieux est à l’abandon. 

Retour dans les rues bondées, les magasins sont pleins, tout le monde veut s’habiller de neuf pour célébrer Pâques. Belle affaire pour les commerçants et les locations d’appartements ou de chambres qui viennent de doubler, voire tripler leurs prix. 

La balade devient de plus en plus compliquée en raison des barrières qui s’installent et empêchent une circulation fluide. Mais personne ne s’énerve ou ne souffle son impatience et si on se fait bousculer, les excuses sincères fusent immédiatement. 

En plus du smog, les commerçants ont installé des encensoirs, et diffusent toutes sortes d’odeurs se mêlant agréablement au parfum suave des fleurs d’oranger. 

Pour retrouver un peu plus de quiétude, nous allons prendre un verre à la Alameda de Hércules où se promènent les familles et où les enfants, toujours endimanchés, jouent au foot. 
Après quelques goulées de broue fraîche bien méritée, nous repartons en direction des Setas, tout en jetant un coup d’œil à travers les portes d’églises entrouvertes où se pressent les badauds. 

On y aperçoit des pasos plus beaux et impressionnants les uns que les autres. Dommage de rater ces festivités, mais nous commençons tout doucement à souffrir d'ochlophobie et avons hâte de retrouver l’air de la campagne. 

Lors de notre premier séjour, nous voulions absolument goûter à la nourriture du restaurant Palo Cortao, mais sa notoriété et le peu de place qu’il propose nous en avaient barré l’accès.
Alors j’ai pris la précaution de réserver, et ce soir nous avons le bonheur d’y déguster d’excellents plats à partager, arrosés d’un vin d’Arcos de la Frontera. 

Que serait une fin de journée à Séville sans un arrêt chez Bolas, le glacier, où nous concluons ainsi nos 16 jours andalous ? 
Le plus gros problème est de faire un choix… 
Sorbet à l'orange parfumé à la fleur d’oranger ou fromage blanc à la figue et au Xérès ? Les deux bien sûr ! 

Demain matin nous allons nous extraire de ce quartier devenu en quelques heures un véritable labyrinthe et nous grimperons dans l’avion vers le Nord et la fin de notre séjour en Europe. 

Dernière étape et pas des moindres, on se retrouve pour le BILAN ?

* Après plusieurs mois de sécheresse, la pluie fait un retour fracassant et le déluge craint aura bien lieu. La tempête Nelson s’abat sur le pays et plusieurs défilés devront être annulés, notamment ceux du Vendredi saint à Séville et à Cadix. Les annulations ont pour but de préserver un patrimoine artistique religieux vieux de plusieurs siècles, principalement en bois, qui risque d’être irrémédiablement endommagé par l’eau.



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CLIC - CLAC, merci Cricri !
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