Toronto - Niagara, 3 jours avec Sinorama (jour 3)

19 mai 2014, Jour 3

Les nuits sont donc bien courtes ! 
Nous prenons la direction de la salle à manger, mais celle-ci n'existe pas. En lieu et place du petit-déjeuner, nous recevons tous un sac à lunch avec un jus, muffin et biscuit. Plutôt frugal comme repas. Au lieu de nous plaindre, nous remontons dans nos chambres pour un déjeuner au lit... Mais les passagers ne sont pas vraiment contents de ce maigre repas que nous ne présagions pas.


Tour CN
Nous quittons Niagara pour Toronto. Le soleil s'est bien installé, le ciel est bleu, nous trouverons bien de quoi manger en route... 
Les visites d'aujourd'hui commencent par l'imposante Tour CN. La compagnie ferroviaire Canadien National était propriétaire de la tour, mais en 1995 elle a été vendue à la Société immobilière du Canada et rebaptisée Tour Nationale du Canada. Figure emblématique de la capitale ontarienne, la tour culmine à 553,33 mètres et tout le monde la nomme encore CN. 
Elle a été la tour autoportante la plus haute du monde pendant presque 30 ans jusqu'à ce que la tour Burj Khalifa à Dubaï lui ravisse ce titre en 2007. Inextinguible soif de supériorité des riches de ce monde, la course vers les cieux est loin d'être terminée. 
Pour ceux qui n'osent pas demander ce que ça signifie, autoportant veux dire que la construction n'a pas besoin d'autre support que ses propres fondations pour la soutenir. 

En ce jour de congé, la ville est vide, la circulation inexistante et l'attente devant les portes encore closes ne dure pas longtemps. L'imposante masse de béton projette son ombre sur le parvis et l'aquarium voisin. Les lieux sont déserts, ce n'est pas la partie de la ville la plus animée, surtout pas un lundi de multiples fêtes. 
Le 19 mai, on fête la Reine (Victoria) au Canada et au Québec, c'est le jour des Patriotes, anciennement fête de Dollard (-des-Ormeaux, considéré comme un des sauveurs de la Nouvelle-France). Qu'importe le ou la fêtée, c'est un jour sans école, et tout le monde est au chalet. 

Nous passons à travers un portique de courants d'air, un nouveau système de détection, plus efficace que les rayons X. Les souffles d'air nous enveloppent, et sont analysés immédiatement pour en identifier la composition. Explosifs ou autres substances illicites peuvent être détectés. L'alarme ne retentit pas, nous passons donc tous et accédons à l'ascenseur non sans avoir encore une fois posés devant l'écran vert. Non, mademoiselle je ne sourirait pas, je ne compte pas acheter cette photo, merci de me laisser entrer dans la cabine vitrée et de m'envoyer au 7e ciel ! 

Un petit plancher de verre nous permet de voir défiler les 346 mètres qui nous séparent de la plate-forme. En à peine 58 secondes (cherchez pas ça fait du 22 km/h) nous atteignons la plate-forme d'observation. Sachant que tout le monde va suivre, nous descendons rapidement d'un étage pour aller voir le fameux plancher de verre. D'une épaisseur totale de 6,35 cm il est 5 fois plus résistant qu'un plancher commercial, et si l'ascenseur était suffisamment large et qu'on puisse y embarquer des animaux, on nous garantit que ce plancher pourrait supporter le poids de 14 hippopotames adultes. Voilà de quoi rassurer les plus gourmandes touristes américaines. 
Mais même en sachant toutes ces données techniques, il faut surmonter la peur du vide. La fameuse acrophobie (akron ''sommet'' ; phobos ''peur'', oui j'ai fait du grec à l'école, et du latin aussi), plus communément appelée vertige. 
Je ne suis pas du tout sujet au vertige, mais je dois avouer qu'une très légère appréhension me gagne quelques infimes secondes lorsque je lance un pied dans le vide. 
Autour de moi certains sont totalement incapables de faire ce pas. Beaucoup n'osent même pas regarder en direction du plancher transparent. J'essaye de convaincre mon compagnon de se lancer, en ne regardant pas en bas. Peine perdue, impossible de le faire avancer, il a le regard figé vers la base de la tour, loin en bas. Très loin. 
Une touriste française le prend par la main, lui parle et, contre toute attente réussi à le faire cheminer. Assis. 
Hélas, les premiers symptômes apparaissent, peur panique, nausées, maux de ventre, boule dans la gorge, sueurs froides, il me fait toute la liste d'un dictionnaire médical. Il est temps de retirer notre cobaye de cette inconfortable posture, je n'aurais même pas eu le temps d'immortaliser ce moment unique. 

Nous sortons sur la galerie d'observation extérieure et pouvons faire le tour complet de Toronto, le regard se porte loin sur le lac Ontario qui reflète les rayons du soleil sur ses eaux calmes. À nos pieds, l'immense gare ferroviaire Union, et les toits végétalisés en construction. Au loin, les rutilants nouveaux buildings de la marina, Toronto est en train d'exploser et de s'imposer comme la ville incontournable de l'est du Canada. Montréal reste quand même plus animée que le centre-ville de la capitale ontarienne, mais il va falloir se bouger un peu si on veut rester sur la carte du pays. 

Dans l'ascenseur, malgré la petitesse du bout de plancher en verre, certains hésitent encore à y plonger le regard. Le sol se rapproche à la vitesse d'un grand V et sans même nous en apercevoir, nous sommes à nouveau sur le plancher des vaches. Nous détournons rapidement le regard vers les photos souvenirs, mais n'hésitons pas une seconde à ignorer nos clichés ridicules volants autour de la tour au travers des étoiles de faux feux d'artifice.

Il nous reste encore un peu de temps pour assouvir une irrépressible envie. Les fameux hot-dogs de Toronto... Je ne savais pas jusqu'il y a deux minutes que c'était un incontournable de toute visite dans cette ville. Mais mon touriste Québécois me convainc de faire un détour vers la roulotte que nous avons vu quelque temps plus tôt lorsque nous sommes passés devant en autobus. 

Direction Front Street où un marchand de hot-dogs tient boutique. Pour à peine 2,50$ nous avons un pain garni d'une belle grosse saucisse (oui juteuse, vous avez fini de rire ?) et tout un choix de condiments, piments, olives, relish (du concombre sucré de couleur vert fluo), cornichons, chou saumuré, oignon, maïs grillé au piment, et toutes les sauces imaginables. On est dans le gastronomique du hot-dog, pour un prix défiant toute concurrence. L'éloignement du petit sac à lunch de ce matin transforme ce sandwich en mets de luxe. 

Nous traversons encore une fois le parvis de la tour, et allons admirer la Woodpecker Column (la colonne des pics verts) plantée en face de l'entrée sud du centre des congrès. Deux gros pics imperturbables, finissent de picosser le tronc en acier de 30 mètres sous un soleil de plomb. Cette sculpture illustre l'histoire d'un ancien site marécageux où les arbres en décomposition attiraient les oiseaux. 

Juste derrière il y a le Roundhouse park. Bâtie en 1931, la rotonde de la rue John était utilisée pour inspecter, réparer et nettoyer les locomotives. Celles-ci étaient si brillantes et lustrées par les cheminots que l'on reconnaissait le fameux ''John Street polish'' (le lustre de la rue John). 
Le site abrite maintenant le musée du chemin de fer, mais à l'extérieur, quelques locomotives d'époque permettent de s'évader dans la fumée de charbon et de se prendre pour un chauffeur, le visage tourmenté par les escarbilles volant hors du brasier. Avec un peu d'imagination, sinon faites juste un beau sourire pour la photo. 

Nous regagnons nos places dans le bus. Les jeunes Françaises derrière nous commentent les visites qu'elles n'ont pas faites faute d'argent, comme si elles étaient seules au monde. Presque chaque mot est ponctué d'un quoi, tic verbal typiquement hexagonal, comme s'il s'agissait de signes de ponctuation. S'en est caricatural, mais à cet âge-là, on s'endort vite. 

En une vingtaine de minutes, nous remontons vers le nord de la ville en traversant quelques quartiers qui mériteraient des visites plus tranquilles. Les hauteurs de Toronto abritent quelques superbes demeures dont la Casa Loma (maison sur la colline), que nous allons visiter. 

Construite entre 1911 et 1914 par l'architecte Edward James Lennox pour le richissime homme d'affaires Sir Henry Pellat, qui n'y résida que 9 ans. 
Plus que simple maison sur la colline, la Casa Loma est un imposant château qui mélange allègrement plusieurs styles architecturaux et offre une vue spectaculaire sur la ville. 

Pour l'époque, l'équipement de cette résidence était ce qui se faisait de mieux. Béton armé, système électrique commandé à distance, ascenseur pour madame, cave à vin pour ses 1568 bouteilles, 59 téléphones, 30 salles de bains pour 98 pièces. Et, puisque la ville avait refusé de modifier le plan d'urbanisme demandé par Sir Henry, il fit creuser un tunnel de 244 mètres pour relier sa demeure à son écurie et sa serre. 
Il n'y eut rien pour empêcher le richissime homme d'affaires d'allonger les billets et sublimer son château. Le jardin d'hiver est surmonté d'une immense verrière qui est subtilement éclairée par des ampoules afin que même au plus profond d'une glaciale nuit d'hiver canadienne, les invités fussent subjugués par cette lumière colorée venant des cieux. 

Mais les affaires vont et viennent et en 1924 le milliardaire devint ex-milliardaire. Quelques mauvais investissements, le contre-coup de la Première Guerre mondiale, les colossales dépenses pour la Casa Loma et s'en fût fini de la vie du Roi de la Colline. 
Le 23 juin 1924, pendant 4 jours, des chineurs de Montréal, New-York ou Détroit se mêlent aux Torontois pour faire main basse sur les biens et les meubles de la maison pour à peine 10 % de leur valeur. La vente fut surnommée la vente du siècle, mais sur les 1,5 million d'estimation, il n'en retira que 131 600 $. Sir Henry passa ses dernières années dans la maison de son chauffeur, sans le sou. À sa mort en 1939, on dit qu'il ne possédait que quelques babioles, à peine de quoi remplir une dizaine de sacs. 
La maison fut vendue puis saisie par la ville pour couvrir les dettes et même menacée de destruction. Heureusement quelques âmes bien avisées surent la conserver et en faire un incontournable d'une visite à Toronto. 
Elle sert aussi de cadre pour de nombreux films, dont les plus célèbres sont X-Men et Chicago. 


La visite de cette maison est fort intéressante, des passages secrets, une piscine inachevée, une écurie luxueuse qui servit de cachette à un projet militaire top secret, l'ASDIC, qui permettait de détecter les sous-marins. 
Aux étages, on trouve un musée de la guerre, les chambres des propriétaires, quelques dépendances, les chambres du personnel de service et les tourelles. Le jardin est un havre de paix, et la vue plongeante sur la grouillante cité est imprenable. 

Nous retrouvons Mémé confortablement installée au soleil, qui n'eut guère goûté cette visite, faite des dizaines d'escaliers. Toujours accueillis par la souriante Lyne (et sa cigarette), nous remontons dans le bus en direction du Super Buffet tant vanté par notre guide Stéphane. 
Un buffet complet, nous attend, et n'eut été les maugréations d'une Française mécontente d'être séparée de son (grand) fils, tout se passe très bien. 


Il est temps de rentrer à la maison. Mais en route nous faisons un arrêt à la boutique Big Apple, qui d'après les explications est un endroit où l'on fabrique et vend des tartes aux pommes, du cidre et autres produits du terroir. 
La tête de l'artisanat ! Un immense parking attend les troupeaux d'autobus, les cordons pour canaliser la foule et le nombre de caisses enregistreuses témoignent de l'affluence de certains jours. On est loin de la fabrique artisanale à laquelle je m'attendais... 
Mais ça semble plaire aux touristes, principalement américains, qui y trouvent leur compte en tartes faites à la chaîne. Une pomme géante dans laquelle on peut monter offre une superbe vue sur ...l'autoroute. WOW ! 
Les prix sont inversement proportionnels à la qualité, hormis une pause pipi et faire courir les enfants dans le parc il n'y a aucun intérêt à s'arrêter ici. 

On est en 2014 et Maman, j'ai raté l'avion passe encore quelque part sur un écran. Ici et maintenant dans ce bus en direction de Montréal... 

Comme prévu, nous arrivons pile à l'heure au coin de Viger et Saint-Laurent, remercions Stéphane notre guide, Lyne (et sa cigarette) et disons au revoir à nos charmantes voisines marocaines qui ont été d'une gentillesse et d'une drôlerie continues. Notre ami Christophe est devenu leur chouchou, et toutes jalousent Mémé d'avoir un petit-fils aussi attentionné. 

Conclusion 
Un voyage organisé est toujours un hasard. Tomber sur le bon groupe (ou le moins pire), un guide patient et un minimum informé, un chauffeur prudent. 
Il faut se préparer mentalement à voyager à plusieurs, se dire qu'il faut jouer le jeu des horaires, des visites. Se dire qu'il va sûrement falloir subir les râleurs et les retardataires et garder le sourire. Les visites ne sont pas obligatoires, même si Stéphane a affirmé aux deux jeunes Françaises désargentées derrière nous qu'elles devaient au moins en faire deux. J'ai cherché sur le site et la facture, je n'ai rien vu d'une telle clause. 

Prix (2014) 
Le voyage en occupation quadruple (2 nuits, petits-déjeuners, bus, taxes) : entre 80 et 89$ suivant la date de réservation. 

Visites
1000 Îles : 24$ - Marineland : 40$ - Tour CN : 20$ - Casa Loma - 20$ - Niagara (Imax, Skylon, bateau) : 48$  -  Hot-dog au pied de la tour CN : 2,50$
Repas (en buffet chinois) : entre 12 et 18$ 
Frais de service pour le chauffeur et le guide : 21$ 

Libre à vous de faire les visites, mais je crois que lorsqu'on s'embarque dans un tel voyage, il faut en profiter pour faire des choses que nous ne ferions peut-être pas en temps normal. Je ne pense pas que j'aurais visité la Casa Loma si j'étais venu seul à Toronto, encore moins le Big Apple Mega Market, mais ça c'est vraiment pas indispensable...



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